(NdlA : voici le deuxième épisode que m’a inspiré Sailor Vulcain. Comment avez-vous trouvé le précédent ? Maintenant que je le relis, je me demande sous quel acide j’ai bien pu être pour avoir écrit un truc aussi bizarre. Ça vous donne pas la même impression ? Il faudrait peut-être que j’arrête de lire les fanfics des autres pendant que j’écris le mien, ça me cause des troubles mentaux… Enfin, espérons que c’est passager. Allez, je vous laisse tranquille maintenant. Continuez votre lecture)
Le week-end est terminé. Nous sommes maintenant le lundi 17 mai, en fin d’après-midi. Martin, Alexandra et Aurélien sont dans le Q.G. avec Niko.
« C’est vraiment méchant ce que tu nous as fait ! se plaint Alex.
— Je crois au contraire que c’était bien vu Niko, réplique Martin. En vous donnant rendez-vous une demi-heure en avance, on était sûrs que vous arriveriez à peu près à l’heure.
— Résultat, vous êtes même en avance, dit Niko. Pour une fois… »
Aurélien soupire en croisant les bras comme un gamin buté.
« Bonjour tout le monde ! fait Clémence en passant l’hologramme. Eh ! Comment vous avez fait pour arriver en avance ?
— Niko nous a joué un sale tour ! grogne Aurélien.
— Rien, dit Martin, il leur a juste donné rendez-vous une demi-heure à l’avance. Ils sont ici depuis seulement cinq minutes. C’est quoi que tu as dans la main ?
— Le journal, explique Clémence. J’ai de très bonnes nouvelles. »
Elle ouvre le journal et dit :
« Xavier David a écrit un superbe article sur les Combattants de l’Arc-en-Ciel, expliquant qu’ils étaient une bénédiction pour la population de Paris. L’enquête policière va être abandonnée faute de résultats. Affaire classée.
— Super ! » s’écrie Aurélien qui a oublié sa mauvaise humeur.
Niko baisse la tête de dépit :
« Irrécupérable…
— Tu disais ? demande Aurélien avec un grand sourire.
— Non non, rien, dit Niko sur un ton malaisé. C’est bien, c’est un souci de moins.
— À propos de soucis, comment va Angel ? demande Martin.
— À vrai dire, je ne l’ai pas beaucoup vu ce week-end, explique l’oiseau. Je suis resté longtemps ici à essayer de découvrir pourquoi je ne peux pas localiser la Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir. Mais d’après ce que j’ai vu, il a bien récupéré. Il a fait la grasse matinée hier, ça lui a fait du bien.
— Il devrait faire un peu de sport au lieu de faire la grasse matinée, soupire Martin. Il faut être en forme pour combattre ! D’ailleurs, vous devriez tous faire du sport, ça vous ferait du bien ! Dimanche prochain, vous venez avec moi faire un footing ?
— Euh… (hésitation collective de trois personnes qui ne sont pas vraiment sportives)
— Ça va ! J’ai compris, bande de feignasses !
— Coucou ! » dit Angel en passant l’hologramme.
Avant que quiconque ait pu réagir, Alex saute sur Angel et le serre dans ses bras.
« Ça va Angel ? Tu sais qu’on s’est inquiété après ton malaise de la dernière fois !
— Ça… va… essaie de dire Angel qui étouffe, mais ça va pas… durer… si tu m’é... trangles… comme ça ! »
Alex le lâche enfin avec un petit rire. Angel finit par reprendre son souffle et dit :
« Alors, quoi de neuf ?
— Plus d’enquête sur notre compte, dit Clémence.
— Y’avait une enquête ? Pourquoi ? On a rien fait de mal ? »
Tout le monde lève les yeux au plafond en soupirant.
« Il a toujours un train de retard celui-là, grommelle Martin, tandis qu’Angel les regarde sans comprendre.
— En tout cas, on a toujours le problème Lotarh, dit Niko. J’ai beau essayer, je perds sa trace à chaque fois qu’il se transpose. Il faudra trouver un autre moyen pour découvrir où il se cache, et où se cache la Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir.
— Ça peut pas être très loin de Paris, dit Clémence. On a enregistré leurs activités nulle part ailleurs.
— Peut-être parce qu’ils se focalisent sur nous, dit Martin. Ils espèrent peut-être à chaque fois nous vaincre définitivement.
— Brr… fait Angel.
— T’inquiète pas Angel, on les aura, dit Aurélien. Ça peut que marcher vu que j’suis là.
— Mouais, tu parles beaucoup mais tu fais pas grand chose, réplique Clémence.
— Eh ! Centrons-nous sur le problème Lotarh ! s’écrie Martin. Il faudrait parvenir à le retenir suffisamment pour le faire parler : il a l’air aussi grande gueule que ses prédécesseurs.
— Mais comment retenir quelqu’un qui peut se téléporter par une simple pensée ? se demande Clémence.
— En attendant, continuez d’être sur vos gardes, dit Niko.
— OK ! dit Alex en souriant de toutes ses dents. Bon, il faut que j’y aille, j’ai promis à mon papa de venir dîner chez lui et c’est en banlieue. Salut tout le monde ! »
Et elle s’en va en sautillant sans attendre que les autres lui disent au revoir. Ils la regardent partir avec de grands yeux étonnés. « Des cinglés », pense Martin en secouant la tête, « je suis tombé sur une bande de cinglés ».
Presque une heure plus tard, nous retrouvons Alexandra qui sautille sur la route d’un quartier résidentiel. Elle arrive devant une petite maison, passe la barrière, traverse le jardin et entre sans frapper. Elle se retrouve dans un couloir où un grand garçon d’à peu près 18 ans avance, trois verres à la main. Il se tourne vers la nouvelle arrivante.
« Eh ! Salut Alexandra ! T’es à l’heure.
— Et alors ? C’est si rare que ça ?
— Ben… La dernière fois c’était parce que tu t’étais cassé la jambe et c’était maman qui t’avait amenée…
— Méchant Thomas ! dit-elle en lui faisant la bise. Je sais pas ce que j’ai fait pour avoir un frère comme toi.
— C’est moi l’aîné, réplique le dénommé Thomas en souriant. C’est plutôt moi qui devrait me plaindre d’avoir une petite sœur comme toi ! »
Ils rient en même temps.
« Allez, viens dans la salle sœurette, je prépare la table.
— Il est où papa ? demande Alex en suivant son frère.
— Il est parti faire une course de dernière minute. Il avait oublié la moitié des courses. Il perd la boule en ce moment.
— Comment ça se fait ?
— T’auras qu’à lui demander, avec moi il se contente de hausser les épaules et de soupirer. »
Alex aide son frère à mettre le couvert et ils viennent de terminer quand leur père arrive. C’est un quadragénaire bien conservé qui ressemble beaucoup à son fils.
« Eh ! Salut p’tite puce ! Tu viens faire un bisou à ton vieux papa ? »
Elle lui saute dans les bras et lui fait un gros câlin.
« Meuh non t’es pas si vieux ! Toutes les filles doivent te courir après non ? »
À ces mots, le visage de son père s’assombrit légèrement et il soupire, mais il se reprend rapidement et embrasse sa fille.
« Allez, va à table avec ton frère, je vous rejoins dans cinq minutes, le temps de préparer le plat et d’amener la salade. »
Le dîner commence, mais Alexandra et son frère se rendent compte que quelque chose cloche avec leur père. Il est dans la lune, il a failli rater le plat principal (« ce qui n’arrive jamais ! » pense Thomas) et Alex l’a surpris plusieurs fois à soupirer. Finalement, avec sa délicatesse coutumière, elle finit par mettre les pieds dans le plat :
« Dis papa, tu serais pas amoureux, des fois ? »
L’homme, qui était en train de boire, manque de s’étouffer et recrache tout dans son assiette.
« Euh… Euh… Mais non ! Pourquoi tu dis ça ? balbutie-t-il, rougissant comme une tomate.
— J’me disais bien qu’il devait y avoir quelque chose comme ça, dit Thomas. Alors, qui est-ce que c’est ?
— Mais… Mais… Mais… Personne ! répond son père sur un ton peu convaincant.
— Allez papa, dis-moi qui c’est ! dit Alex avec un grand sourire. Tu sais bien que tu peux rien me cacher. »
Le fils et la fille se penchent vers leur père et le regardent de façon tellement insistante qu’il se met à crier en battant l’air des bras :
« C’est bon ! C’est bon ! Vous avez gagné ! Arrêtez, je vais tout vous dire ! »
Ils se rasseyent correctement et attendent que leur père parle.
« Décidément, quand vous êtes tous les deux, on peut vraiment rien vous cacher, commence-t-il.
— On la connaît ? demande Thomas.
— Toi je pense pas, mais Alex sûrement. C’est grâce à elle que je l’ai rencontrée. Enfin, en quelque sorte…
— Comment ça ? demande Alex qui ne comprend rien.
— La première fois que je l’ai rencontrée, c’était avec ta mère et toi, tu te rappelles ? C’était en septembre dernier. »
Alexandra fronce les sourcils. Les explications de son père ne lui disent rien, quand soudain une image lui revient en mémoire.
« Non ! Me dis pas qu’c’est elle !
— Si, dit le père en soupirant.
— Tu es tombé amoureux de la nouvelle assistante sociale ? ! Oh papa, continue-t-elle en souriant, tu les prends au berceau, elle a même pas 30 ans.
— Parce que moi je suis un vieux croûton peut-être ! »
Alex et Thomas se mettent à rire.
« Alors, raconte, tu l’as revue, comment ça s’est passé ? demande le frère.
— Oh la la ! Vous êtes bien comme votre mère quand il s’agit de s’occuper des affaires des autres. OK, j’vais tout vous raconter ou vous allez me rendre la vie impossible. »
Il respire un bon coup, puis commence son histoire. Et nous allons suivre cette histoire en flash-back (NdlA : waouh ! Il a fallu attendre le 18ème épisode pour voir le premier flash-back, sortez le champagne !).
Nous retrouvons le père d’Alexandra devant la porte du lycée Henri IV. Il porte un bouquet de fleurs à la main et attend nerveusement contre un mur. Il remonte son col. Visiblement il ne fait pas très chaud. Son visage s’éclaire : une jeune femme aux cheveux bruns courts, assez petite, proche de la trentaine, vient de sortir du lycée.
« Mademoiselle ! » crie-t-il à son attention.
La demoiselle se retourne, surprise.
« Monsieur… Monsieur Duciel ? demande-t-elle d’une voix mélodieuse.
— Bon… Bonjour mademoiselle Claire, bégaie ce dernier.
— Vous attendez votre fille ?
— N… Non, la personne que… que j’attendais est devant moi. »
Il lui tend le bouquet. Elle le prend et le rouge lui monte aux joues.
« C’est… pour moi ? demande-t-elle, surprise.
— Oui. Je me demandais… Est-ce que je pourrais vous inviter à boire quelque chose ? Un café ?
— Euh… Je ne sais pas… C’est-à-dire que… »
Elle est visiblement mal à l’aise.
« Dans ce cas, si vous n’êtes pas disponible aujourd’hui, peut-être pourrait-on se voir un autre jour ? »
Soudain, elle a l’air de se décider :
« Non ! Aujourd’hui c’est parfait, je n’ai rien de prévu. »
C’est au tour du père d’Alex d’être déstabilisé :
« Vraiment ? Alors… Euh… Venez, je vous emmène. »
Ils partent l’un à côté de l’autre. C’est la fin du flash-back.
« C’est comme ça qu’on a commencé à se voir régulièrement, dit le père d’Alex. Je sentais bien qu’elle appréciait ma présence, et moi j’étais heureux comme tout. Mais il y a un mois…
— Qu’est-ce qui s’est passé ? demande Alexandra.
— Je sentais que ce qu’il y avait entre nous était plus qu’une simple amitié. On se voyait depuis le mois d’octobre, et je me disais qu’il était temps de rendre notre relation plus intime. Un soir, je lui ai dit que je l’aimais, et j’ai essayé de l’embrasser…
— Et alors ? »
Ils sont suspendus aux lèvres de leur père.
« Elle m’a giflé, m’a hurlé qu’elle ne voulait plus jamais me revoir, et elle est partie en courant ! Depuis, j’arrive pas à la joindre. Elle ne répond à aucun message et refuse de me voir. J’ai tout essayé ! »
Il y a un silence gêné pendant plusieurs secondes. Thomas le brise :
« T’as attendu six mois avant de l’embrasser pour la première fois ? ! Eh bah ! T’es lent dans ton genre ! »
BLOING ! (bruit d’un père et d’une sœur qui tombent de leur chaise de surprise)
« Tu sais pourquoi elle veut plus te voir ? demande Alex en se relevant.
— Non, fait son père, les larmes aux yeux. Elle ne veut pas me parler, même pas pour me dire ce que j’ai fait de mal.
— T’inquiète pas papa, on va pas te laisser tomber, hein sœurette ?
— T’as raison grand frère ! Je vais aller la voir !
— Tu crois qu’elle va te parler ? demande le père d’une voix peu assurée.
— Entre filles on s’dit tout, c’est bien connu ! répond Alex en levant le pouce. Laisse-moi faire. »
M. Duciel acquiesce doucement, même s’il n’est pas très rassuré.
Nous nous retrouvons dans ce lieu d’ombres solides mais impalpables au centre duquel flottent les douze Sages Noirs. Deux petits yeux rouges apparaissent au milieu de leur cercle, suivis par le corps de Lotarh.
« Lotarh ! crie un Sage Noir. Ta dernière attaque s’est encore terminée par un échec ! Notre patience a des limites !
— L’échec n’est pas total, se justifie Lotarh en se tournant vers le Sage Noir qui a parlé. Voici deux énergies humaines de grande qualité. »
Il sort le Miroir de l’Ombre et le place à l’horizontale. Deux boules d’énergie en sortent et filent comme des étoiles filantes dans le noir environnant. Elles sont absorbées par les ténèbres qui changent beaucoup, en faisant un bruit de bois qui travaille. Cette fois, les fumées et obscurités ont pris une forme qui, bien qu’extrêmement floue, fait penser à une silhouette. Mais quel genre de silhouette, l’œil est incapable de le déterminer. Même Lotarh est surpris. Soudain, deux yeux rouges gigantesques apparaissent au-dessus du cercle des Sages Noirs, et une voix grave et bruyante comme le tonnerre se fait entendre, plus présente encore que les fois précédentes.
« Encore ! Encore ! Apporte-moi plus d’énergie ! Mon retour est proche, je le sens !
— J’ai… J’ai déjà trouvé ma prochaine victime, balbutie Lotarh qui est terrorisé. Elle fera une très bonne récolte.
— Alors va ! hurle le maître d’un cri qui fait trembler le sol.
— Bien maître », dit Lotarh en s’inclinant.
Il disparaît rapidement, effrayé par le maître. Les deux yeux gigantesques disparaissent aussi.
Quelques jours ont passé, et nous retrouvons Alex dans son lycée, durant une pause entre deux cours. Elle discute avec deux de ses amies, assises sur des tables dans la salle de classe.
« Attends, tu vas quand même pas faire ça ? ! demande l’une, effarée parce qu’elle vient d’entendre.
— Oh si, elle va le faire, réplique l’autre. Quand il s’agit de s’occuper de ce qui la regarde pas, Alex est championne du monde.
— Eh ! Ça me regarde aussi, se défend Alexandra. C’est mon papa après tout. Et puis j’ai déjà pris rendez-vous avec l’assistante sociale juste après les cours. C’est trop tard pour reculer.
— Fille-poule ! s’écrie la première amie.
— J’crois pas qu’ça existe comme mot, dit la seconde.
— P’têt pas, mais c’est exactement ce qu’elle est.
— Remarque, c’est vrai que pour définir Alex il faut inventer de nouveaux mots, dit la seconde copine en riant.
— Pourquoi ? demande Alex. Je suis si bizarre ? »
Ses deux copines éclatent de rire. Alex les accompagne de bon cœur : elle n’hésite pas à rire d’elle-même.
« Qu’y a-t-il de si drôle mesdemoiselles ? » demande la professeur à l’attention des trois filles.
Elles s’arrêtent immédiatement de rire, et se rendent compte que tout les élèves sont revenus dans la salle de classe et qu’ils n’attendent qu’elles pour reprendre le cours.
À la fin des cours, Alex salue ses deux amies et les quitte. Elles la regardent en se demandant quelle catastrophe elle va encore causer à s’entêter comme ça. Alex se rend dans l’aile administrative du lycée et arrive devant le bureau de l’assistante sociale. Elle regarde l’heure sur son communicateur. Elle est à l’heure. Elle prend une profonde inspiration et frappe à la porte.
« Entrez », fait la voix douce de l’assistante sociale.
Alex entre dans le bureau et fait face à mademoiselle Claire, assise derrière son bureau.
« Assieds-toi, Alexandra. Je savais que tu viendrais, dit-elle.
— Quoi ? ! s’interroge Alexandra qui se croit démasquée.
— Oui, continue-t-elle avec un soupir. Je ne crois pas que tu sois au courant, mais j’ai côtoyé ton père pendant un temps.
— Justement…
— Attends, je n’ai pas fini. J’ai finalement découvert quel genre d’homme il était réellement. »
À ces mots, elle émet un long soupir et ses yeux s’humidifient. Alex n’y comprend rien. Enfin, l’assistante sociale se reprend et dit :
« Alors dis-moi, depuis combien de temps ton père te touche ?
— Mon père me quoi ? !
— Allons, n’aie pas peur de me dire la vérité. Il a essayé de faire la même chose avec moi. Les hommes sont bien tous pareils !
— Mais… Mais… Vous êtes complètement folle ! Mon père n’a jamais rien fait de mal avec moi ! Qu’est-ce qui vous prend de dire ça ? !
— Allons… J’ai vu comment il s’est comporté avec moi : il était gentil, attentionné, et puis soudain… il est redevenu comme les autres… soupire-t-elle. Et puis, pourquoi tes parents auraient-ils divorcé sinon ?
— Parce qu’ils ne s’aimaient plus, et qu’ils voulaient refaire leur vie chacun de leur côté, d’un commun accord ! Ils ne nous ont jamais rien caché à mon frère et moi ! Ils se sont jamais battus, ni même disputés ! Et ils nous ont jamais fait de mauvaises choses ! Je suis pas venue parler de ça d’ailleurs !
— Mais… De quoi voulais-tu parler dan ce cas ? demande mademoiselle Claire, déstabilisée par les paroles d’Alex.
— De papa, de comment il se sent mal sans vous ! Vous auriez dû le voir lundi dernier ! Il est distrait, et mélancolique. Il se demande ce qu’il a fait de mal pour que vous refusiez de le revoir. Il est amoureux de vous ! Et je connais bien mon papa, il est sincère et votre comportement le blesse vraiment durement. Et d’après votre ton, je dirais que votre propre comportement vous fait du mal à vous-même ! Est-ce que j’ai tort ? »
L’assistante sociale reste silencieuse pendant quelques instants, puis éclate en larmes. Les yeux d’Alexandra s’arrondissent de surprise, et elle met la main sur la bouche en se demandant si elle n’en a pas trop dit.
« Je… Je… Je suis désolée, hésite-t-elle. Je n’aurais pas dû vous parler sur ce ton. Je… Je… Arrêtez de pleurer, s’il vous plaît. »
Mais elle continue à pleurer.
« Je… Je… J’vais vous chercher un verre d’eau ! »
Alexandra quitte le bureau en trombe, et part chercher un verre d’eau, en se demandant comment elle va réparer ce qu’elle a fait. Pendant ce temps, les larmes de mademoiselle Claire commencent à se tarir, quand elle sent une présence dans un coin de son bureau. Elle relève la tête, et à travers les larmes elle voit la silhouette floue d’un homme aux cheveux longs. La silhouette s’avance lentement vers elle.
« Qui… Qui êtes-vous ? demande-t-elle entre deux sanglots.
— Je suis ton sauveur, dit Lotarh. Tu as toujours été faible et les hommes en ont profité. D’abord ton père, qui t’a régulièrement violée de 7 à 14 ans, jusqu’à sa mort dans un accident de voiture. Tu as pleuré à son enterrement, mais au fond de toi tu étais heureuse de te débarrasser de lui. Ensuite, il y a eu ton premier petit ami, qui après deux mois de bonheur s’est mis à te battre et te violer car tu avais refusé d’aller plus loin. Et tu t’es laissée faire, jusqu’à ce qu’il rencontre quelqu’un d’autre et t’abandonne. Depuis, tu as décidé de rester seule. Tu hais tous les hommes pour ça, tu penses qu’ils sont tous pareils. Pourquoi es-tu aussi faible ? Ne sais-tu pas que la puissance de ta haine aurait pu te permettre de te venger ?
— Allez-vous-en ! Arrêtez de raconter toutes ses monstruosités !
— C’est ta vie qui est monstrueuse, réplique calmement Lotarh. C’est toi qui est monstrueuse. Regarde-toi donc ! »
Il tend le Miroir de l’Ombre vers mademoiselle Claire qui y plonge son regard. Elle tressaute et se retrouve debout, un cercle lumineux à ses pieds, tandis que son énergie est absorbée et qu’elle perd connaissance.
Pendant ce temps, Alexandra revient avec un verre d’eau à la main. Sa mine sombre contraste beaucoup avec sa bonne humeur habituelle. Elle arrive à l’entrée du bureau, mais une lueur émanant de l’ouverture de la porte et une voix suspectes la font s’arrêter. Elle s’approche avec précaution et tourne la tête vers l’intérieur. Ce qu’elle voit et entend la surprend tellement qu’elle en fait tomber le verre. Heureusement, c’est un gobelet en plastique qui ne fait presque pas de bruit, et Lotarh est trop occupé et n’a rien entendu. Alex recule un peu et ouvre son communicateur :
« Les amis ! Vite ! Lotarh ! Dans mon lycée !
— Lotarh ? ! fait Martin. On arrive ! Retiens-le ! »
Elle referme son communicateur et lance sa formule :
« Amulette Verte, métamorphose ! »
Dans le bureau, Lotarh exulte tandis que le flux d’énergie disparaît :
« Et voilà ! Ma récolte est particulièrement bonne, le douze Sages Noirs seront contents cette fois !
— Tu es sûr ? ! Parce que moi je crois pas que ça va se passer comme ça !
— Encore vous ? ! crie Lotarh en se retournant vers Green Bow.
— Eh oui ! Encore moi ! Car en tant que défenseur de l’espoir, je dois protéger cette personne que tu as souillé. Tu ne mérites même pas l’air que tu es en train de respirer. Aussi moi, Green Bow, je vais te punir !
— Oh ! Tu es toute seule ? C’est dommage, je pensais que ça allait être plus intéressant que ça… soupire Lotarh.
— Quoi ? !
— Enfin, les autres doivent être en route pour te rejoindre, aussi je vais quand même utiliser mon Soldat de la Haine ! »
Le cercle de lumière se transforme en une colonne de lumière dans laquelle la silhouette de mademoiselle Claire disparaît. Une ombre démoniaque se forme et prend de la consistance, et la colonne disparaît. À la place de mademoiselle Claire se tient un monstre femelle. Elle a la silhouette élancée d’une femme, est habillée en tailleur chic, porte une paire de lunettes beaucoup trop grosse et a les cheveux tirés en arrière en chignon. Mais sa peau est verte, son tailleur rouge sang, ses cheveux noir d’encre et des épines hérissent son chignon. Elle sourit de tous ses crocs de chien, mais ses yeux ont un air sévère.
« Beuh… Elle est vraiment moche ! » dit Green Bow en faisant une mine dégoûtée.
Le monstre cesse de sourire et regarde Green Bow.
« Qu’est-ce que c’est que ces manières ? ! s’écrie-t-elle de sa voix éraillée. Je suis Assistantak, et mon rôle est de remettre les jeunes égarés dans le droit chemin. Ta tenue et ton langage montrent qu’on t’a laissée libre bien trop longtemps. Il est temps de corriger cette erreur ! »
À ces mots, le monstre se penche vers l’avant et secoue la tête d’avant en arrière. Soudain sa chevelure s’allonge et son chignon se rue vers Green Bow comme une masse d’arme. La Combattante a juste le temps de sauter hors de portée. Le chignon frappe le mur et y laisse un trou gros comme le poing. Les cheveux raccourcissent et le chignon revient se placer sur la tête d’Assistantak, puis celle-ci reprend son manège. Green Bow est coincée contre un mur et le monstre tente de la frapper plusieurs fois. Mais Green Bow évite le chignon en prenant des poses plus acrobatiques (et ridicules) les unes que les autres. Derrière elle, le mur reçoit tous les coups. Elle perd alors l’équilibre et tombe tête la première. Elle se retrouve à genoux et Lotarh éclate de rire :
« Ha ha ha ha ha ! Vas-y Assistantak ! Donne-lui une bonne leçon. »
Assistantak lance son chignon de toutes ses forces.
« Rubans Arc-en-Ciel ! »
Au dernier moment, les rubans parviennent à dévier le chignon qui se plante dans le mur et y reste coincé. Le monstre essaie de le récupérer mais n’y parvient pas. Lotarh et Green Bow tournent la tête vers l’entrée où se tiennent Rain Bow, Red Bow, Blue Bow et Yellow Bow.
« S’attaquer à des personnes innocentes est une lâcheté que je ne pourrai jamais pardonner ! Je suis Red Bow, le guerrier de l’espoir, et mon feu intérieur te le fera payer !
— Eh ! Mais c’est à moi normalement de faire mon discours quand on est tous ensemble ! se plaint Rain Bow. C’est moi le chef après tout ! »
Blue Bow lève les yeux au ciel de dépit, Yellow Bow pouffe de rire et Red Bow sourit.
« Eh ! M’oubliez pas ! s’écrie Green Bow.
— Oh oui ! fait Rain Bow en se tournant vers elle. Ça va ?
— Ça va, réplique-t-elle en joignant les autres Combattants de l’Arc-en-Ciel. J’espère que j’ai pas trop froissé ma jupe, c’est tout.
— Vous n’oublieriez pas quelqu’un par hasard ? demande Lotarh, les bras croisés. Assistantak ! Laisse tomber ce chignon ! »
Assistantak tire un grand coup et ses cheveux se déchirent, laissant le chignon coincé dans le mur. Ses cheveux raccourcissent, et Green Bow remarque à quel point le monstre ressemble à mademoiselle Claire.
« Je vois… dit Assistantak. Tu fais même partie d’une bande de délinquants. Merci de les avoir tous fait venir, nous allons pouvoir commencer leur réinsertion ! »
Elle écarte les bras et les boutons de sa veste de tailleur se détachent et s’envolent, tout en restant attachés par un fil. Avant d’avoir pu réagir, les Combattants se retrouvent encerclés puis ficelés, et tombent à terre.
« J’a… J’arrive pas à me défaire ! s’écrie Red Bow, qui est attaché avec Green Bow.
— Tu peux te pousser un peu ? demande Blue Bow à Yellow Bow qui est pressé contre elle par leurs liens. Tu m’empêches de respirer !
— Détachez-moi ! pleure Rain Bow qui n’est attaché à personne.
— Ha ha ha ha ha ha ha ha ha ! rit Lotarh. Vous êtes beaux comme ça ! Ficelés comme des saucissons ! Vous n’êtes vraiment pas malins ! Allez Assistantak, le coup de grâce !
— Avec plaisir ! » réplique la monstresse de sa voix éraillée.
Elle lève un bras, et une feuille de papier enflammée marquée « punition » apparaît dans sa main, créant une petite explosion. Elle s’apprête à la jeter sur les Combattants quand :
« Élise ! Qu’est-ce que tu fais ? ! »
Tout le monde se tourne vers l’entrée du bureau. C’est le père d’Alexandra qui vient de parler, les yeux exorbités par la surprise. La créature le voit, et son expression perd sa sévérité. Elle hésite, bafouille, et prend soudain la voix de mademoiselle Claire :
« Éric ? C’est toi ? ! »
Le monstre se cabre avec un cri strident et se met les mains à la tête. Elle tombe à terre et la feuille enflammée coupe les fils, libérant les Combattants.
« Toi, tu vas me le payer ! » s’écrie Lotarh, furieux.
Ses yeux s’illuminent, et le père d’Alex est balayé par une vague d’énergie noire et tombe à terre, assommé.
« Pa… ! commence Green Bow, qui est interrompue par la main de Red Bow sur sa bouche.
— Monstre ! s’écrie Rain Bow que le geste de Lotarh a mis en colère. Quel lâche es-tu pour t’attaquer ainsi à une personne sans défense ? ! Ce n’était qu’un homme innocent, amoureux de la personne que tu as transformée en monstre !
— L’amour… C’est le sentiment des faibles ! dit Lotarh avec dégoût. Seule la Haine peut vaincre !
— Tu te trompes ! Ce qui vient de se passer en est la preuve ! La puissance de l’Amour de cette femme a vaincu l’emprise de la Haine ! Tu l’as vu par toi-même ! Quoi qu’il arrive, l’amour triomphe toujours ! Toile Arc-en-Ciel, action !
— Aaaaaaaaaah ! Je suis liiiiiiibre ! »
Mademoiselle Claire est libérée et tombe à terre, inconsciente.
« Non… Non, c’est impossible… dit Lotarh en secouant la tête. Vous me le paierez ! Vous me le paierez tous ! »
Ses yeux brillent, et il disparaît.
« Papa ! crie Green Bow qui est libérée de l’emprise de Red Bow et court vers son père. Papa ! Ça va ? ! »
Blue Bow s’approche de lui et lui prend le pouls.
« Son cœur bat normalement. Il est seulement évanoui. Bon, allons-nous-en d’ici avant que quelqu’un remarque notre présence. Alex, tu restes ici jusqu’à ce qu’ils se réveillent ? »
Green Bow acquiesce silencieusement.
« Bon, après il faudra que tu nous expliques ce qui s’est passé, parce que là j’ai rien compris ! À moins qu’Angel…
— Euh… J’sais pas trop, dit-il. La situation m’a fait pensé à une BD que j’ai lue y’a quelques jours, alors… »
BLOING !
« Incroyable… soupire Red Bow en se relevant. Allez, on s’en va. »
Ils saluent Green Bow et la laissent. Elle redevient Alexandra et se tourne vers son père et Élise.
Quelques minutes plus tard, le père d’Alex se réveille. Celle-ci est agenouillée à côté de lui et soupire de soulagement.
« Ouille ! fait-il en se massant la nuque. Qu’est-ce qui s’est passé ? Oh mon dieu ! Élise ! »
Il regarde autour de lui et la voit allongée par terre. Il se relève précipitamment et court vers elle. Il s’agenouille et la prend dans les bras.
« Ça va papa, elle va se réveiller dans quelques minutes, dit Alexandra en se relevant.
— Alex ? Qu’est-ce que tu fais là ? demande son père, surpris.
— Euh… J’étais venue…
— Je vois… Tu as voulu m’aider à ta façon…
— C’est ça, dit Alex avec un grand sourire.
— C’est gentil, mais maintenant ça va aller. Je vais m’en occuper. J’aime Élise, et j’ai l’intention de savoir pourquoi elle ne veut pas me voir.
— Euh… Papa ?
— Oui ma petite fille ?
— Tu devrais lui laisser du temps pour s’expliquer. La force pas. D’après ce que j’ai compris, elle a besoin de ton aide et de ton amour plus que de quoi que ce soit d’autre. »
Le père reste muet devant le discours mature de sa fille. C’est à ce moment que mademoiselle Claire commence à bouger (NdlA : pour ceux qui n’auraient pas encore compris, Claire c’est son nom de famille et Élise son prénom).
« Élise ! Ça va aller, reste tranquille. »
Elle finit par ouvrir les yeux.
« É... Éric ? »
Elle le serre dans ses bras.
« Éric ! C’est bien toi ! s’écrie-t-elle en pleurant. Pardon, pardonne-moi ! Je t’aime, je t’aime et j’aurais jamais dû faire ça !
— Ça va, dit le père d’Alex en lui caressant les cheveux, les yeux brillant de larmes. Ça va. Je t’aime aussi. »
Alex sent sa curiosité la tenailler, mais elle se dit que cette fois-ci, elle est vraiment de trop, et elle s’éclipse discrètement.
Dans son antre de pierre, Lotarh rumine sa défaite.
« Qu’est-ce qui a bien pu se passer ? Comment a-t-elle pu se libérer de l’emprise de mon sortilège de Haine ? ! Non ! Ce n’est pas possible ! Le pouvoir de la Haine est le plus grand de tous les pouvoirs ! Je le tiens de maître Esmeros lui-même ! Je ne peux pas être vaincu ! Je me vengerai, stupides Combattants de l’Arc-en-Ciel ! »