Kibou Niji Rengou Rainbow Fighters. Épisode 28 : le labyrinthe maléfique

Un ciel étoilé, des rues éclairées, un panorama de toits d’immeuble, c’est la nuit dans Paris. Au-dessus des toits, une silhouette vole à toute allure. Elle atteint rapidement son but : la chambre d’Angel, qui dort la fenêtre ouverte. La silhouette s’arrête un instant sur le bord de la fenêtre, puis entre en voltigeant. Niko, car c’est de lui qu’il s’agit, se pose sur le lit où Angel est pelotonné, et s’approche de ce dernier.
« Angel, murmure-t-il, Angel, réveille-toi ! »
Mais Angel ne fait que se retourner dans son sommeil. Niko s’énerve et lui saute dessus.
« Angel ! Vite, réveille-toi !
— Qu’est-ce qui s’passe ? grogne ce dernier, émergeant à peine. J’suis fatigué et l’école est finie…
— C’est pas le problème ! dit Niko, impatient. Lève-toi, on a trouvé l’entrée de la Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir !
— Hein ? ! » s’écrie Angel en se redressant brusquement.
Niko est projeté du lit, et tombe à terre tête la première.
« Niko, ça va ? !
— Aïe aïe aïe… » balbutie l’oiseau qui voit des étoiles.

Nous retrouvons les Combattants de l’Arc-en-Ciel, sans Angel, au beau milieu d’une forêt. Yellow Bow baille un grand coup.
« Pourquoi est-ce qu’on est ici à une heure du mat’ ? demande-t-il. Sans mes neuf heures de sommeil j’suis bon à rien.
— Il faut prendre la Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir de vitesse, explique Blue Bow, qui tape sur son ordinateur et regarde autour d’elle. C’est pour ça que quand le programme de Niko a détecté l’entrée du tunnel dimensionnel, il nous a appelés immédiatement.
— Sauf que bien entendu Angel a pas répondu, soupire Red Bow. Qu’est-ce qu’il peut bien faire ?
— Moi en tout cas j’me demande où elle est cette entrée, dit Green Bow. On est au beau milieu du bois de Vincennes, mais y’a pas d’entrée à l’horizon.
— Ah ! Les voilà ! »
Rain Bow arrive en courant, précédé de peu par Niko.
« Enfin Rain Bow ! T’en as mis un temps ! critique Red Bow.
— Désolé, réplique ce dernier, essoufflé. J’ai couru tout le chemin depuis chez moi jusqu’au bois de Vincennes.
— Et pourquoi t’as pas répondu à notre appel ? demande Blue Bow sans lever les yeux de son ordinateur.
— Il avait oublié son communicateur dans son pantalon, qui se trouvait dans le placard, explique Niko. Il ne pouvait évidemment pas l’entendre.
— Tss… Tête en l’air ! reproche Martin.
— C’est ici que s’trouve l’entrée alors ? Mais j’vois rien…
— L’ordinateur détecte une déformation spatio-temporelle dans les parages, mais il arrive pas à la localiser avec précision, dit Blue Bow. On va devoir chercher. En tout cas, l’entrée n’est pas loin d’ici.
— À quoi elle ressemble cette entrée ? demande Green Bow.
— J’en sais rien, répond Clémence. Mais ça devrait être quelque chose d’étrange, quelque chose qui n’a rien à faire ici dans un bois. »
Les Combattants commencent à chercher autour d’eux. Cela dure cinq minutes, quand soudain Rain Bow se met à crier :
« Hein ? ! C’est bizarre ça ! »
Red Bow voit Rain Bow fixer un arbre quelconque, les yeux écarquillés de surprise.
« Qu’est-ce qui se passe ? demande-t-il.
— Cet arbre… il est bizarre…
— À moi il m’paraît parfaitement normal », dit Green Bow en s’avançant vers Angel.
Mais quand elle arrive à côté de Rain Bow, la stupeur se lit sur son visage.
« Mais c’est vrai qu’il est pas normal cet arbre ! »
Cette fois, tous les Combattants s’approchent, Red Bow en grommelant :
« J’espère que vous faites pas tout ce raffut pour rien… Mais ! C’est pas possible ? ! »
Devant les Combattants, l’arbre paraît dix fois plus large que quand ils le voyaient de côté, et une ouverture noire est présente en son flanc. Blue Bow tapote sur son ordi.
« C’est bien l’entrée du tunnel dimensionnel, dit-elle. C’est un pli de l’espace-temps. Quand on est pas bien en face, on voit que ce qu’il y a autour. C’est pour ça que cet arbre nous paraissait avoir une taille normale. Mais quand on se met bien en face d’elle, l’ouverture apparaît.
— Qu’est-ce qu’on fait alors ? demande Yellow Bow.
— On entre dans le tunnel, bien sûr ! répond Niko.
— J’avais peur qu’tu dises ça, réplique Aurélien en frissonnant.
— Bon, assez tergiversé ! s’écrie Red Bow. Vous êtes prêts ? »
Les Combattants acquiescent.
« Alors on y va ! »
Ils marchent vers l’ouverture noire, béante, et disparaissent bientôt de l’espace conventionnel.

Nos amis avancent dans ce qui ressemble furieusement à une grotte, si ce n’est que la pierre qui la compose est légèrement bleutée et phosphorescente. La lumière qu’elle émet est suffisante pour permettre aux Combattants de voir ce qui les entoure. Blue Bow a pris la tête du groupe avec Niko sur son épaule, et elle continue à taper sur le clavier de son ordinateur tout en marchant.
« C’est bizarre quand même, remarque Rain Bow. J’m’attendais à autre chose d’une pliure dans l’espace-temps.
— Un tunnel dimensionnel, c’est aussi un espace, explique Niko. Et comme tout espace, il contient de la matière. Celui-ci a dû être crée par ceux de la Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir, et ils l’ont aménagé à leur goût.
— Je l’crois sans peine ! réplique Red Bow. Cet endroit est lugubre !
— Et c’est long ! se plaint Yellow Bow. On est bientôt arrivés ?
— Difficile à savoir, répond Blue Bow. Cet espace n’obéit pas aux lois de la physique normales. Les concepts de distance et de direction n’ont pas de sens ici. J’en ai du mal à configurer l’ordinateur. Oh ! Voilà un autre problème ! »
Blue Bow s’arrête. Devant elle, le couloir se divise en deux, et l’un des couloirs paraît conçu pour des lilliputiens. En fait, c’est plus un boyau qu’un couloir.
« Quel problème ? s’interroge Red Bow. Le boyau est bien trop petit pour nous, on y passera jamais ! On peut que continuer par le couloir.
— Le problème, c’est que quand Lotarh utilise sa transposition, sa matière doit traverser le tunnel sous forme de rayon, et il peut alors très bien passer par ce trou de souris. Il se peut très bien que ce soit le bon chemin et que l’autre ne mène nulle part.
— Un piège pour éviter les visites impromptues, comprend Niko. Mmm… Je ne vois qu’une possibilité : je suis le seul à pouvoir explorer ce passage. Je vais y aller tandis que vous continuez dans le couloir.
— Mais… t’es sûr ? demande Rain Bow, inquiet.
— Oui, dit Niko, ne t’inquiète pas. Je suis peut-être petit, mais je vole très vite. À tout à l’heure ! »
Il s’envole et s’engouffre dans le boyau. Les Combattants reprennent leur route dans l’autre couloir, non sans que Rain Bow ait jeté un dernier coup d’œil inquiet vers le trou. Ils continuent à marcher pendant cinq minutes quand l’ordinateur de Blue Bow se met à émettre une série de bips. Blue Bow s’immobilise, les muscles tendus.
« Je détecte une énergie qui s’approche de nous. Préparez-vous ! »
En effet, un point lumineux apparaît au loin. Il s’approche rapidement, prenant la forme d’une boule d’énergie qui s’arrête devant les Combattants. Deux yeux rouges apparaissent sur la boule qui s’étire verticalement et redevient matière. C’est Lotarh !
« Félicitations ! Vous avez trouvé le chemin de la Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir. Mais je suis au regret de vous annoncer que vous ne sortirez jamais d’ici !
— Et tu crois que tu vas nous en empêcher ? ! Boule de Feu ! »
La boule de feu n’a pas le temps d’atteindre Lotarh qui disparaît et réapparaît quelques mètres plus loin. Elle continue sa route et explose contre la paroi de pierre.
« Je n’aurai même pas besoin de lever le petit doigt, ricane Lotarh.
— Attends, Lotarh ! s’écrie Rain Bow. Si tu me dis où se trouve Aniva, je t’épargnerai !
— Idiot ! Tu crois que tu me fais peur ? ! Je vais te proposer un autre marché : si tu te rends maintenant, je laisserai tes amis en vie et je leur montrerai la sortie !
— Tu crois pas que je vais te faire confiance ? ! T’as aucune parole !
— C’est vrai, dit Lotarh. Je les aurais probablement tués. Mais cela n’a pas d’importance. Vous êtes dans le labyrinthe maléfique, et vous n’avez aucune chance d’y échapper !
— Le labyrinthe maléfique ? demande Blue Bow.
— Ce tunnel dimensionnel s’étend loin dans l’espace et dans le temps, et il possède des sorties un peu partout. Vous pourriez arriver sur une planète inhabitable et mourir d’asphyxie, ou apparaître dans le vide spatial et sentir le sang bouillir dans vos veines, ou encore vous retrouver au centre d’une étoile et brûler instantanément ! Ha ha ha !
— Euh… ça me plaît plus trop cette histoire de labyrinthe machin-truc, dit Rain Bow en reculant. J’veux rentrer chez moi !
— Trop tard ! crie Lotarh. Votre destin est scellé ! »
Tout en continuant à rire, Lotarh crée une vague d’énergie noire qui fonce vers les Combattants. Ils tentent de lui résister, mais elle est trop forte. Les Combattants trébuchent et la vague les emporte tous aux fins fonds du labyrinthe ! Lotarh les regarde disparaître.
« Enfin débarrassé d’eux… Oups ! J’ai oublié de séparer Rain Bow des autres, dit-il sur un ton sarcastique. Enfin, ce n’est pas grave, Esmeros devra simplement se passer de son énergie. Maintenant, allons trouver ce stupide volatile. »
Les Combattants hurlent et se débattent, mais la vague continue à les emporter, les dirigeant vers un trou, une sortie complètement noire. Soudain, une lumière scintillante apparaît au milieu de ce trou béant. Elle augmente progressivement d’intensité, entoure et recouvre les Combattants de l’Arc-en-Ciel, et devient si éclatante que tout disparaît !

Pendant ce temps, Niko continue à voler dans l’étroit boyau qui lui semble interminable. Enfin, il voit une lueur devant lui. Il presse le vol (NdlA : « presser le pas » n’est pas vraiment une expression valable pour un oiseau, n’est-ce pas ?), et effectivement, il s’approche de la sortie. Il continue à voler jusqu’à ce qu’il traverse l’ouverture. Il se pose sur une surface blanche, froide et poudreuse.
« Mais… ? Où est-ce que je suis là ? ! »
Devant lui s’étend un désert blanc, un champ de glace balayé par une tempête de neige.

Un vide noir, constellé de minuscules étincelles blanches. Il n’y a pas un bruit, pas un mouvement, juste une sensation de néant… Une lumière irisée apparaît. D’abord minuscule, elle grandit, augmente en intensité, et éclate silencieusement. À sa place, nous voyons maintenant une bulle lumineuse qui contient les Combattants de l’Arc-en-Ciel. Ces derniers sont désorientés, mais Red Bow et Blue Bow reprennent vite leurs esprits.
« Qu… Qu’est-ce qui s’passe ? demande Red Bow. On combattait Lotarh y’a un instant, et puis…
— Le labyrinthe maléfique nous a envoyé quelque part, répond Blue Bow. Mais où ?
— Ouh la la ! Y’a des étoiles partout ! s’écrie Rain Bow. On est dans l’espace ! J’ai peur !
— Je crois que t’as raison, continue Blue Bow. Mais ces lueurs, des étoiles ? Elles sont bien floues…
— En tout cas, dit Red Bow en touchant la paroi de la bulle, cette bulle semble nous protéger du vide spatial.
— Hé ! Hé ! hurle Yellow Bow.
— Qu’est-ce qui se passe encore ? demande Clémence, énervée, en se tournant vers lui. Mais c’est… ! »
Les Combattants se retournent et découvrent un spectacle extraordinaire, grandiose. Devant eux s’étend une spirale de lumière majestueuse, une spirale qui paraît si gigantesque que seule la distance leur permet de l’embrasser d’un seul regard. Mais cette spirale n’est pas uniforme. Elle est formée de milliards de petites lumières, toutes bien individualisées malgré la distance.
« Mais… Mais qu’est-ce que c’est ? ! demande Rain Bow.
— C’est votre Galaxie, répond une voix féminine et douce qui fait sursauter tous les Combattants. Celle que vous appelez la Voie Lactée. »
Un nuage de paillettes scintillantes apparaît devant les Combattants. Il se condense et devient une forme humaine et féminine d’une trentaine de centimètres de haut. C’est l’image d’une femme, légèrement transparente, vêtue d’une longue robe blanche translucide fermée dans le dos par deux fins rubans très longs. Ses longs cheveux blancs forment un chignon au sommet de sa tête, duquel tombent deux queues qui descendent jusqu’à ses pieds nus. Elle porte une sorte de foulard arc-en-ciel qui ne repose pas sur ses épaules, mais flotte derrière sa tête et passe entre ses bras et son buste sans toucher son corps. Ses yeux sont indescriptibles, ils semblent changer de couleur continuellement. Son expression est douce et profonde, tendre et sereine, pleine d’espoir, mais aussi pleine de regrets. Personne n’a jamais vu un visage pareil.
« Qu… qui êtes-vous ? » balbutie Rain Bow.
L’entité pose les yeux sur Angel, qui reconnaît immédiatement son regard, l’ayant chéri dans sa mémoire comme un trésor inestimable. C’est le même regard que sa mère posait sur lui, un regard d’amour inconditionnel ! La femme répond d’une voix douce et chaude :
« Je suis l’Âme de cette Galaxie, l’Esprit d’Amour né des sentiments positifs de ses habitants, la Gardienne qui veille au développement harmonieux de cette Spirale Stellaire (NdlA : oui, elle articule même les majuscules). De par mon origine, je n’ai pas d’identité ni de nom, mais ceux qui connaissent mon existence m’ont surnommée : Galactée.
— Vous n’êtes pas Esmera ? » demande Red Bow, surpris.
À la mention de ce nom, un voile de tristesse couvre momentanément le visage calme de l’esprit, mais il disparaît quand elle répond :
« Esmera est ma fille spirituelle. N’étant qu’âme sans corps physique, je n’ai que très peu d’influence sur le monde matériel. À une époque où la Voie Lactée était torturée par des guerres sans fin, je n’ai pu, pour mettre fin à cette folie, que déléguer ma mission à un être de chair. Quand Esmera est née, j’ai tout de suite ressenti l’énorme pouvoir qu’elle recelait. Je l’ai mise sous ma coupe et éduquée comme ma fille, pour qu’elle accomplisse à ma place ce que je ne pouvais faire moi-même.
— Mais alors, vous savez c’qui lui est arrivé, pourquoi elle a disparu ! s’écrie Green Bow.
— Oui… Mais cette histoire devra attendre, répond Galactée, dont le visage s’assombrit de nouveau un instant. Je n’ai pas beaucoup de temps. Vous sauver m’a beaucoup coûté.
— C’est vous qui nous avez sortis du labyrinthe maléfique ? !
— Oui. Je suis votre combat depuis le début, sans malheureusement pouvoir y participer. Mais quand j’ai compris que vous alliez être projetés dans le vide spatial, j’ai rassemblé tout mon pouvoir pour vous protéger. Je vais maintenant profiter de cette situation pour vous montrer quelque chose. »
La bulle commence à bouger. Mais les Combattants de l’Arc-en-Ciel ne perçoivent aucune accélération, aucun mouvement. Pour eux, la bulle reste immobile, et c’est la Galaxie qui s’approche d’eux.
« C’est donc ça la Voie Lactée, dit Blue Bow, fascinée par le spectacle. Donc les points lumineux autour de nous ne sont pas des étoiles mais des galaxies. C’est pour ça qu’ils paraissent flous… C’est un vrai rêve d’astronome ce qu’on est en train de vivre.
— Brr… Moi, ça me fout un peu la trouille ce vide, avoue Rain Bow en frissonnant.
— T’inquiète pas, réplique Green Bow en souriant. On est là. »
La Galaxie est maintenant si proche qu’il est impossible de l’embrasser d’un seul regard.
« Où est-ce que vous nous emmenez, Galactée ? demande Blue Bow.
— Je vous fais faire un voyage dans l’espace et le temps, qui vous fera comprendre bien des choses… »
Maintenant très proches de la Voie Lactée, les Combattants y remarquent des mouvements, ainsi que des éclairs lumineux, comme des scintillements irréguliers. Ils plongent rapidement dans un des bras de la spirale, et découvrent avec horreur un spectacle de destruction ! Des planètes entières se fragmentent et explosent, éjectant des débris incandescents dans tous les sens. Des étoiles deviennent supernovae les unes après les autres, détruisant au passage leurs cortège de planètes. Des vaisseaux spatiaux indescriptibles, grands comme des mondes, se livrent à des batailles sans merci et s’entre-détruisent. Sans qu’il comprenne vraiment pourquoi, cette vision frappe Rain Bow droit au cœur et il se met à pleurer. Les autres Combattants sont choqués par le spectacle.
« Qu’est-ce qui se passe ? ! hurle Angel entre deux sanglots. Qu’est-ce que c’est ? !
— C’est la dernière bataille, explique Galactée qui a cessé de sourire, celle qui a détruit la Confrérie de l’Arc-en-Ciel…
— On est en train d’assister aux événements du passé ? » s’interroge Clémence, surprise.
La bulle fonce maintenant vers une planète dont l’atmosphère est rougie par les combats. Elle survole de près ce gigantesque champ de bataille où des êtres humanoïdes se battent contre des monstres plus difformes les uns que les autres. Et soudain les Combattants découvrent Lotarh et Aniva, engagés dans un duel à mort ! Lotarh utilise ses attaques habituelles, mais Aniva réplique avec des pouvoirs qu’ils ne lui connaissaient pas ! Finalement, elle concentre toute son énergie dans une boule de lumière entourée d’un halo multicolore qui parvient à terrasser Lotarh. Elle est récupérée par des soldats qui, malgré ses protestations, l’emmènent dans un vaisseau spatial qui quitte la planète immédiatement. La bulle contenant les Combattants lui emboîte le pas, et juste à temps : la planète explose peu après !
« C’est la bataille dont Aniva nous a parlé, dit Yellow Bow. Elle se sentait tellement coupable !
— Je comprends maintenant ce qu’elle a vécu, ajoute Red Bow. Ça a dû être horrible ! »

Le froid est insupportable, mais Niko est déterminé. Plaqué au sol par les rafales de vent, il marche dans la neige, essayant de comprendre où il se trouve. Cela fait maintenant plus d’une demi-heure qu’il erre, incapable de distinguer quoi que ce soit dans la tempête, quand soudain, le vent tombe et le ciel se découvre. Niko lève la tête, découvrant un ciel noir parsemé d’étoiles scintillantes, et un croissant de lune bas sur l’horizon.
« Mais… ! Je croyais être au pôle Nord, mais on est en été, le soleil de minuit ! Si c’est la nuit noire, c’est que… l’hiver austral, le pôle Sud ! Je suis en Antarctique ! »
Grâce à l’accalmie, Niko peut enfin regarder autour de lui. Il entrevoit quelque chose qui ne lui paraît pas normal. Il s’approche rapidement, et découvre un mur recouvert de glace, le flanc d’une falaise. Et incrustée sur ce flanc, il découvre une porte ! C’est une porte à double battant, gigantesque. Elle fait au moins cinquante mètres de haut. Elle est faite d’une pierre si noire qu’elle semble absorber la lumière ambiante. Elle est grossièrement sculptée, et chaque battant semble fait d’un bloc.
« C’est la véritable entrée de l’antre de la Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir ! Vite, il faut que je retrouve les autres ! »
Il se retourne, mais une voix l’arrête :
« Tu n’iras nulle part ! »
Lotarh apparaît devant Niko.
« Petit oiseau de malheur, tu as eu tort de venir fouiner dans nos affaires ! Ta punition sera la mort ! Ah ah ah ah ! »
Et nous quittons la scène par un fondu au noir.

Les Combattants de l’Arc-en-Ciel continuent leur voyage vers le centre de la Voie Lactée. Autour d’eux, les étoiles se font de plus en plus nombreuses et proches les unes des autres, jusqu’à ce que la bulle arrive devant un joyau, une perle bleue, verte et blanche. C’est une planète magnifique qui semble radier d’une lumière bénéfique.
« Qu’est-ce qu’elle est belle ! s’extasie Green Bow. On dirait une pierre précieuse.
— Elle ressemble à la Terre, remarque Blue Bow, mais elle est encore plus belle ! Elle est tellement brillante !
— Votre planète aussi a cette lumière enfouie en elle, » dit Galactée.
Red Bow veut lui demander de quoi elle parle, quand Rain Bow s’exclame :
« Mais alors, cette planète, c’est Planète-Mère !
— Tu as deviné, acquiesce l’esprit. C’est la planète natale d’Esmera, le siège de la Confrérie de l’Arc-en-Ciel.
— Ça veut dire qu’on va assister à sa… à sa… »
Les mots restent bloqués dans la gorge de Red Bow. Effectivement, après quelques moments, Planète-Mère est recouverte d’une ombre qui élimine sa radiance. Cette ombre s’étend dans l’espace et prend une forme vaguement humanoïde, sombre et nébuleuse. À différents points de la surface de la planète, des éclats de lumière flamboient un instant. Lentement, Planète-Mère change de couleur. Les bleus, verts en blancs font place à des rouges, des oranges et des marrons sombres. Une étincelle semble quitter la planète, qui se couvre de lézardes rouge sang. Puis cette dernière explose en une gerbe de matière et d’énergie, balayant l’ombre qui l’entourait, et mettant fin à la civilisation galactique qui tentait de maintenir la paix dans la Voie Lactée. Les Combattants en ont les larmes aux yeux.
« Je suis désolée d’avoir eu à vous montrer ce spectacle, dit Galactée. Mais cela était nécessaire pour renforcer votre détermination. La bataille finale approche, et vous devez faire tout ce qui est en votre pouvoir pour empêcher une telle tragédie de se reproduire. »
Les Combattants sèchent leurs larmes. Ils ont maintenant un air décidé.
« Mais… et Aniva ? demande Rain Bow.
— Dans ce passé, Aniva, la braise du feu sacré de l’Arc-en-Ciel, a quitté Planète-Mère à temps et est maintenant en route vers le satellite de votre planète, pour s’y endormir pendant une éternité. Dans votre présent, Aniva vous attend. Vous devez la sauver coûte que coûte des griffes d’Esmeros ! »
La bulle commence à s’éloigner de Galactée. Rain Bow court vers elle, et presse les mains contre la paroi de la bulle, comme s’il voulait en arrêter le mouvement.
« Attendez !
— Je ne peux plus… J’ai juste assez d’énergie pour vous renvoyer sur Terre. J’ai confiance en vous ! Vous vaincrez car vous êtes… »
Galactée hésite, puis se reprend.
« Vous êtes les Combattants de l’Arc-en-Ciel ! Vous avez ma bénédiction, et dans votre cœur le pouvoir de vaincre les ténèbres ! Adieu ! »
La bulle se met à briller, et disparaît avec son contenu avant que Rain Bow et ses amis aient le temps de réagir.

Nous sommes de retour dans le tunnel dimensionnel, où Lotarh donne une raclée à Niko qui tombe par terre. Ce dernier est bien mal en point, couvert de poussière et de contusions, les plumes complètement ébouriffées. Il saigne par endroits. Mais il se relève, s’envole et essaie d’attaquer Lotarh à coups de bec. Ce dernier ne bronche pas et lui lance une gifle d’énergie noire qui le terrasse.
« Assez plaisanté, dit Lotarh. Tu me fatigues. Il est temps d’achever ce travail une fois pour toutes. »
Niko a son compte. Il est encore conscient mais ne peut plus se relever. Tranquillement, Lotarh crée une boule d’énergie noire dans la main droite. Il se prépare à la lancer sur l’oiseau, quand une lumière apparaît quelques mètres plus loin. Surpris, Lotarh relâche sa concentration et sa boule d’énergie disparaît. La lumière s’étend, puis s’estompe, révélant les Combattants de l’Arc-en-Ciel. Lotarh n’en croit pas ses yeux.
« Vous ? ! C’est impossible ! Personne ne peut ressortir vivant du labyrinthe maléfique !
— Chaque règle a ses exceptions, dit Red Bow. Tu pensais quand même qu’on allait abandonner aussi facilement !
— Niko ! »
Rain Bow court s’agenouiller devant Niko et le prend dans ses bras. L’oiseau, faible mais vivant, tourne la tête vers lui.
« Vous êtes là… J’avais peur… que vous n’ayez disparu… à jamais…
— Tiens bon ! Parle pas, économise tes forces ! »
Angel tourne des yeux noirs de colère vers Lotarh.
« Donc vous êtes quand même parvenus à revenir… Impressionnant, ricane ce dernier.
— Oui, nous sommes revenus, dit Yellow Bow. Et on te doit des remerciements : grâce à toi, nous avons été témoins des événements du passé.
— Voir l’étendue de la destruction que vous avez causée n’a que renforcé notre détermination, continue Blue Bow.
— Désormais, tu peux être sûr qu’on se battra jusqu’au bout pour t’empêcher de nuire. Merci pour ça ! ajoute Green Bow.
— Des remerciements ? ! Mais vous êtes devenus encore plus bêtes que vous n’étiez avant ! rugit Lotarh. Vous auriez mieux fait de ne pas revenir, car maintenant je vais vous tuer de mes propres mains ! »
Ses yeux brillent et il crée plusieurs lames de cristal noir qu’il envoie sur Rain Bow. Ce dernier n’a pas le temps de les éviter complètement : il n’est pas touché de plein fouet, mais les cristaux le frôlent en créant plusieurs entailles et il est éjecté un peu plus loin. Tout ce temps, il a gardé Niko dans les bras.
« Angel ! crient les Combattants qui se ruent autour de lui.
— Il faut le protéger, c’est notre devoir et notre mission ! dit Blue Bow d’un air décidé.
— D’accord ! » répliquent les autres Combattants.
Ils se mettent en cercle autour de Rain Bow. Ils se retournent, dos vers lui, comme pour former un rempart, et projettent la poitrine vers l’avant. Puis ils entonnent l’un après l’autre :
« Pouvoir sacré de la couleur Rouge ! »
L’amulette de Red Bow se met à briller d’une lumière rouge.
« Pouvoir sacré de la couleur Verte ! »
Celle de Green Bow brille maintenant d’une lumière verte.
« Pouvoir sacré de la couleur Bleue ! »
L’amulette de Blue Bow fait de même, avec une lumière bleue.
« Pouvoir sacré de la couleur Jaune ! »
L’amulette de Yellow Bow s’allume aussi, d’une lumière jaune. Ensuite, une aura colorée apparaît autour de chaque Combattant. Leurs auras grandissent, puis se fondent en une barrière de lumière cylindrique.
« Vous croyez m’impressionner avec vos jeux de lumière ? ! Je vais vous montrer qui est le plus fort ! Yaa ! »
Lotarh fait apparaître un grand nombre de cristaux noirs qu’il lance vers les Combattants. Ils virevoltent autour d’eux puis leur foncent dessus ! Ils explosent en rencontrant la barrière, mais l’affaiblissent suffisamment pour que leurs débris la pénètrent. Ceux-ci déchirent les uniformes des Combattants, et provoquent de multiples entailles profondes qui les font crier de douleur. Ils tombent à genoux, mais serrent les dents et continuent à maintenir la barrière.
« Alors, ça vous plaît ? se moque Lotarh. Vous n’auriez pas dû me défier : je vais vous tailler en pièces ! »
À ces mots, Rain Bow tourne la tête vers Lotarh, avec un air déterminé. Il pose Niko, se relève, traverse la barrière et se retrouve face à lui.
« Cette fois tu es allé trop loin ! Tu as détruit des mondes, massacré des innocents, et failli tuer notre amie ! Tu t’es attaqué à Niko, à tellement d’autres, et maintenant tu tortures mes meilleurs amis ! Je ne peux pas te pardonner de tels actes ! Prends garde ! Car je suis le messager de l’espoir, Rain Bow !
— Ton ridicule espoir, je vais le réduire en miettes ! »
Il produit un autre cristal noir pointu qu’il saisit par la main. Il s’apprête à le lancer contre Rain Bow, mais ce dernier réplique aussitôt :
« Toile Arc-en-Ciel, action ! »
La Toile Arc-en-Ciel se déploie autour de Rain Bow qui concentre son énergie sur ses mains. Ses gants se mettent à briller d’une lumière blanche intense. Lotarh jette son cristal sur Rain Bow, mais celui-ci parvient à l’attraper ! Son énergie passe dans le cristal qui devient blanc et lumineux, et dans le même mouvement il le renvoie vers le spécialiste de la Haine.
« Quoi ? ! »
Médusé, Lotarh n’a que le temps de se fabriquer un bouclier de cristal noir pour se protéger. Mais le cristal blanc traverse le bouclier sans s’arrêter, le brisant au passage, et frappe Lotarh en plein cœur ! Il hurle de douleur.
« Non, ce n’est pas possible ! Moi, Lotarh, le plus puissant des spécialistes de la Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir, vaincu par ce gamin ? ! Maître Esmeros, je n’ai rien pu faire ! Nooooooon ! »
L’énergie couvre le corps de Lotarh qui se désagrège lentement, formant une poussière blanche qui s’éparpille et disparaît. Il ne reste plus rien du spécialiste. Rain Bow reste immobile pendant un instant, puis se décontracte. Ses gants s’éteignent et sa Toile Arc-en-Ciel s’estompe. Il pousse un soupir de soulagement.
« Bravo Rain Bow, tu as gagné. »
Il se retourne et est stupéfait : ses amis sont indemnes ! Même Niko, blotti dans les bras de Blue Bow, est guéri de ses blessures.
« Vous allez bien ! s’écrie-t-il avec un grand sourire.
— Ta Toile Arc-en-Ciel a guéri nos blessures, » explique Yellow Bow.
Niko frémit, et Angel se rue vers lui en criant :
« Niko !
— Doucement, l’arrête Clémence. Tu as cicatrisé ses plaies, mais il a perdu beaucoup de sang. Il est encore très faible. »
L’oiseau tourne la tête vers Rain Bow et ouvre les yeux.
« Ne t’inquiète pas, Angel… non, Rain Bow… Ça va aller… Écoutez… L’entrée de la Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir est en Antarctique… près du pôle Sud…. J’en ai les coordonnées. Il faut l’attaquer au plus vite. »
Les Combattants acquiescent.
« Nous sommes les Combattants de l’Arc-en-Ciel, dit Rain Bow, et pour Aniva, la Terre, et tous ceux qui y vivent, on se battra jusqu’au bout ! »