Nous sommes le lundi après-midi après la mort d’Atarh. Les cours ont repris (ce qui ne plaît que moyennement à Angel) mais ce n’est pas ce qui intéresse le plus les lycéens en ce moment. En effet, l’attaque d’Atarh est loin d’être passée inaperçue (NdlA : une vague d’eau douce recouvrant Paris, ça m’aurait étonné aussi !), et le dimanche toutes les radios et chaînes de télé ont consacrées leurs programmes d’information dessus. Évidemment, ils n’avaient que peu de choses à dire, mais ils n’ont pas hésité à y passer des heures (ils en ont l’habitude). La rumeur de l’existence des Combattants de l’Arc-en-Ciel (qui commençait à circuler à Paris mais qui était restée peu étendue jusque là) est maintenant reprise par la télévision. Mais comme très peu de gens les ont réellement vus, les sceptiques sont légions. En fait, ce sont surtout des points d’interrogation qui circulent partout, sauf pour certaines personnes comme Lydia. Cette dernière est toute excitée alors qu’elle discute de cette affaire avec Angel en sortant des cours, rendant ce dernier très mal à l’aise.
« Tu te rends compte Angel ? Cette vague qui a failli engloutir Paris ! Je suis sûre que les Combattants de l’Arc-en-Ciel sont intervenus ! Après tout, c’est eux que l’image sur la vague a appelés.
— Ça pourrait pas être la police simplement ? demande Angel qui essaie de jouer le rôle du sceptique néanmoins ouvert.
— Écoute, t’as vu la vague comme moi ! Qu’est-ce qu’aurait pu faire la police contre un être capable de faire ça !
— Mais la tour Montparnasse était gardée à tous les étages. S’ils sont allé au sommet comme il leur a demandé, comment ça se fait que personne ne les a vus ?
— Ils se sont peut-être rendus invisibles, je sais pas. Écoute, l’un lance des rayons d’énergie en forme d’arc-en-ciel et l’autre, d’après ce que j’ai compris, contrôle le feu. Avec tous ces pouvoirs, ils doivent bien pouvoir se rendre invisibles ou un truc comme ça.
— Mouais… » dit Angel en essayant de paraître peu convaincu, se rappelant comment il leur avait été difficile de déjouer la sécurité au pied de la tour, et comment ils s’étaient épuisés à monter par l’escalier de service.
Angel et Lydia marchaient tout en parlant et sont enfin sortis du lycée.
« Bon, il faut que j’y aille, dit Lydia.
— T’y vas encore ?
— C’est normal, je suis volontaire aux Restos du Cœur quand même.
— Mais de là à y aller tous les jours…
— Ils ont besoin de monde et je suis quand même plus disponible que quelqu’un qui travaille. Tu pourrais venir toi aussi.
— Moi ? Euh… tu sais, j’ai pas beaucoup de temps en ce moment…
— Je sais, c’est ce que tu me dis depuis presque un mois, dit Lydia avec un léger ton de reproche.
— J’essaierai quand même de venir cette semaine ! affirme soudain Angel pour ne pas avoir à supporter le reproche.
— Vraiment ?
— Je te l’jure.
— D’accord. Viens quand tu veux tu seras le bienvenu. On a besoin de bras pour servir tous ces repas.
— C’est quelle église déjà ?
— L’église Sainte-Cécile dans le neuvième. Tu trouveras ?
— T’inquiète pas, j’ai un plan de Paris.
— OK. J’y vais ! Viens quand tu veux ! »
Et elle part tandis que Niko vient se poser sur l’épaule d’Angel.
« Tu vas vraiment y aller ? lui demande-t-il.
— J’ai promis, je peux vraiment pas faire autrement, explique Angel. Et puis peut-être que ça sera sympa.
— Bon, on va au parc ? On a rendez-vous avec Martin je te rappelle.
— J’ai pas oublié, dit Angel. On y va ! »
Angel se retourne et ne voit pas Lydia s’appuyer sur le mur. « Encore un vertige ! » pense-t-elle. « Si ça continue, il va falloir que j’aille voir un médecin. »
Nous retrouvons Martin dans le « jardin secret » d’Angel dans le parc. Il attend impatiemment en tapant du pied. Angel arrive enfin avec Niko sur l’épaule.
« Enfin Angel ! s’écrie-t-il. T’as 20 minutes de retard !
— Désolé Martin, mais on est passé devant une librairie et Angel n’a pas pu résister à l’envie d’aller voir à l’intérieur, explique Niko avec un ton de reproche envers Angel.
— Eh ! C’est pas un drame ! dit Angel en voyant qu’il est seul contre deux. J’étais jamais passé par là, alors quand j’ai vu la librairie, j’y ai fait un p’tit tour, c’est tout. Et comme y’avait rien d’intéressant, j’suis pas resté longtemps.
— Une demi-heure ! crie Niko. T’appelles ça “pas longtemps” ?
— J’aime pas qu’on me fasse poireauter ! dit Martin. En plus j’ai terminé mon entraînement en retard et j’ai quand même réussi à être à l’heure au rendez-vous !
— Bon… désolé, s’excuse Angel. Je ferai plus gaffe à l’heure la prochaine fois.
— C’est ça, continue Martin, visiblement peu convaincu. Bon, Niko, tu peux nous dire pourquoi tu nous as demandé de venir ?
— Aniva veut vous parler, dit Niko. Je lui ai tout raconté samedi dernier. »
Niko fait son arc de cercle en laissant une traînée arc-en-ciel, comme d’habitude, et sous l’arche apparaît l’image de la prêtresse Aniva. Elle a l’air particulièrement soucieuse.
« Bonjour mes amis, dit-elle.
— Bonjour Aniva, dit Angel. Il y a quelque chose qui ne va pas ?
— En effet. L’ennemi que vous combattez est bien plus puissant que vous ne le pensez.
— Comment ça ? Vous avez trouvé de qui il s’agit ? demande Martin.
— Malheureusement non. Je n’ai rien retrouvé dans mes archives. Le plus étrange est que le nom de la Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir y apparaît bien, mais il n’est associé à aucun fichier, comme si les fichiers avaient été détruits.
— Détruits ? Mais par qui ? demande Niko.
— Je n’en sais rien, dit Aniva. Et puis le nom de cette confrérie, et ce symbole en arc-en-ciel noir inversé, c’est trop de coïncidences pour être accidentel. Cette confrérie a un rapport avec la Confrérie de l’Arc-en-Ciel.
— Comment ça ? Vous sentez quelque chose ? demande Angel.
— Je ne sais pas comment dire ça… Quand Niko m’a dit le nom de cette organisation, j’ai été comme clouée sur place par une terreur inouïe, quelque chose que je n’avais jamais ressenti et qui venait du plus profond de moi.
— Vous pensez à un souvenir de votre vie précédente ? Avant votre hibernation ?
— C’est possible, Martin. Si seulement je n’avais pas cette amnésie ! On dirait une barrière érigée pour m’empêcher de me souvenir…
— Ça ne va pas Aniva ? ! demande Martin, inquiet.
— Ne t’inquiète pas. Je n’ai pas l’habitude de faiblir quand il faut être forte.
— Prêtresse Aniva, dit Angel, nous devons combattre cette Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir ! Quelle que soit leur puissance, nous ne pouvons pas laisser la Terre entre leurs mains ! »
Aniva, Niko et Martin regardent Angel, tous étonnés par son assurance.
« Tu as raison, dit Aniva. Mais prenez garde ! Cette terreur qui me vient du fond des âges doit signifier quelque chose ! Soyez prudents et trouvez au plus vite vos compagnons ! Sans eux, vous serez trop faibles !
— Bien Aniva, dit Martin. Nous ferons de notre mieux.
— Une dernière chose, continue-t-elle. Voici un objet qui vous sera très utile. »
Elle fait un geste et deux bracelets-montres apparaissent devant elle. Ils flottent jusqu’à Angel et Martin qui les recueillent dans leurs mains. Ces montres sont identiques, sauf que celle d’Angel est multicolore tandis que celle de Martin est rouge.
« Ce sont des montres qui paraissent parfaitement normales et qui donnent même l’heure exacte, dit Aniva. Mais ce sont aussi des transmetteurs qui vous permettront de communiquer l’un avec l’autre où que vous soyez sur cette planète. Vous pourrez aussi communiquer avec Niko par ce biais. Enfin, il est possible avec chaque montre de retrouver la position du possesseur de l’autre montre. J’ai mis plus de temps à les fabriquer que je ne le pensais, mais elles sont maintenant en parfait état de marche et je pourrai en fabriquer d’autres quand vous trouverez vos compagnons.
— Merci Aniva ! dit un Angel enthousiaste qui met immédiatement sa montre au poignet.
— Oui, merci Aniva, dit Martin qui reste beaucoup plus stoïque. Ces transmetteurs nous serons certainement très utiles.
— Mais surtout, je réitère mon conseil : soyez prudent ! Je m’en voudrais énormément qu’il vous arrive malheur.
— On prendra soin de nous, dit Martin.
— Bien, dit Aniva qui esquisse un sourire. Au revoir. »
Son image disparaît et l’arc-en-ciel avec. Angel appuie sur un bouton et la montre s’ouvre pour montrer un petit écran.
« Waouh ! C’est génial ce truc ! »
Martin et Niko lèvent les yeux au ciel de dépit et soupirent en même temps.
Dans ce lieu indéterminé et sombre, peuplé d’ombres mouvantes, nous voyons le cercle des douze Sages Noirs flotter au milieu de nulle part, seule source lumineuse dans cet océan de néant. Au milieu de ce cercle, une silhouette se forme et sort de l’ombre. C’est Nitarh qui s’incline devant les Sages Noirs (du moins ceux qui sont devant lui). Un des Sages Noirs commence à parler, et Nitarh se tourne vers lui pour l’écouter :
« Nitarh ! Le maître est impatient ! Il a faim d’énergies humaines et tu dois le nourrir !
— J’entends et j’obéis, dit Nitarh. J’ai d’ailleurs mis au point une stratégie qui sera bien meilleure que celle de ce ridicule Atarh.
— Quelle est cette stratégie ? demande un autre Sage Noir, obligeant Nitarh à changer de vis-à-vis.
— Atarh a failli faire capoter toute l’opération par son indiscrétion. Ma stratégie vise à réparer cette erreur en misant sur la discrétion. Pour cela, je ne peux m’attaquer à des foules entières comme le faisait Atarh. Je ne peux m’attaquer qu’à des individus isolés.
— Mais comment comptes-tu apporter suffisamment d’énergie au maître dans ce cas ? demande un troisième Sage Noir.
— En étudiant cette race humaine, j’ai découvert des individus singuliers, concentrant en eux beaucoup plus d’énergie que la moyenne. Ils concentrent souvent plus de dix fois l’énergie d’un humain normal.
— Et qui sont ces phénomènes ? demande un quatrième Sage Noir, toujours avec la même voix que les autres.
— Les humains les appellent des gens de bien, ou des personnes dont l’âme est grande. Ce sont des gens qui se consacrent à aider les autres, dont le cœur et l’âme sont purs. Ce sont des gens généreux, et parmi eux les jeunes sont les plus enthousiastes et ceux qui possèdent le plus d’énergie.
— Et comment comptes-tu les détecter ? demande un cinquième… (NdlA : vous m’avez compris ou il faut que j’explique ?)
— Grâce à cet objet ! »
Nitarh tend la main et une ombre se forme sur sa paume. Cette ombre se soulève, prend une forme et une consistance et devient un petit miroir, tenant dans la paume de la main.
« C’est le Miroir de l’Ombre, explique Nitarh. Il permet de détecter les gens à forte énergie, ainsi que de voler leur énergie s’ils se regardent dedans.
— Et qu’as-tu prévu pour le cas où les Combattants de l’Arc-en-Ciel voudraient intervenir ? demande un Sage Noir.
— J’ai aussi prévu cette possibilité. Les gens qui irradient tant de bonté d’âme sont ceux qui ont l’ombre la plus accueillante. J’ensemencerai leur ombre et si ces gamins interviennent, j’utiliserai le monstre qui naîtra, couvé par cette ombre. Il s’occupera des Combattants tandis que je prendrai l’énergie de ma victime.
— As-tu trouvé une victime ?
— En effet, dit Nitarh en se tournant vers le Sage Noir qui a parlé, j’en ai trouvé une. J’ai même déjà ensemencé son ombre. Son âme jeune et pure est gorgée d’énergie. Elle sera parfaite ! Ha ha ha ! »
Nitarh met son Miroir de l’Ombre à l’horizontale, face réfléchissante vers le haut, et au-dessus de lui se forme l’image d’une jeune fille souriante, qui distribue des repas à des gens dans le besoin devant une église.
Le lendemain midi, Martin, Angel et Lydia discutent ensemble. Et bien entendu, la discussion tourne autour de l’engagement de Lydia.
« Tu m’impressionnes, dit Martin. Tu fais beaucoup de choses pour les grandes causes.
— T’en fais même trop ! dit Angel. Les Restos du Cœur, j’sais pas combien d’autres associations… Et en plus tu fais le ménage chez toi tous les jours pour que tes parents aient moins de travail quand ils rentrent chez eux ! Tu vas t’épuiser à travailler comme ça. J’ai bien vu ce matin que t’étais pas dans ton assiette.
— C’est vrai que je suis un peu fatiguée, admet-elle, mais c’est juste dû au temps qu’il fait. Avec ce ciel gris, je suis jamais en forme.
— Non, je t’ai bien vue, tu as failli t’endormir deux fois ce matin. Tu dors pas assez ou quoi ?
— Merci de t’occuper de ta santé Angel, mais ça va merci », dit Lydia d’un ton sec.
Elle se lève et laisse les deux garçons seuls.
« Mais… qu’est-ce qui lui arrive ? se demande Angel.
— Elle est agressive, dit Martin. C’est signe de fatigue. Je crois que tu a raison Angel, elle fait trop de choses. Elle va se surmener à force. J’ai déjà vécu ça et je sais ce que c’est.
— Toi ?
— À une époque, je faisais beaucoup trop de sport. J’avais peur de stagner et j’ai compensé en m’entraînant trop durement et trop fréquemment. Résultat : surmenage, et mes résultats sont tombés en flèche ! On m’a mis au repos forcé pendant deux mois avant que je puisse reprendre l’entraînement.
— Eh bah ! Bon, je vais aller la voir.
— Tu vas faire quoi ?
— Je vais lui dire que je vais aller l’aider ce soir. Je sais que j’arriverai pas à la convaincre de ne pas aller aux Restos du Cœur, mais si je suis là, au moins elle aura moins de boulot.
— Bonne idée. Bon, au revoir, j’ai mon entraînement. »
Ils se saluent et Angel court rejoindre Lydia qui n’est qu’en haut de l’escalier.
« Lydia ! Attends-moi ! »
Elle se retourne tandis qu’Angel arrive en soufflant.
« Je vais… venir t’aider ce soir, dit-il.
— C’est vrai ?
— Si j’te l’dis ! Il faudra juste que je passe chez moi prévenir ma tante et je te rejoindrai à l’église. D’accord ?
— OK… Dis, pourquoi tu fais ça ?
— J’ai envie de t’aider, c’est ma façon d’aider les autres, c’est tout !
— Bon… Je compte sur toi alors ?
— Promis. »
Et ils continuent à monter ensemble les escaliers.
Quelques heures plus tard, nous retrouvons Lydia devant l’église Sainte-Cécile. Elle y est déjà depuis un moment et a servi une sacrée quantité de repas. Au loin derrière elle, dans l’ombre faite par le clocher, une silhouette l’observe.
« Elle se tue au travail, la pauvre ! dit Nitarh. Ma créature de l’Ombre sera parfaite et la quantité d’énergie humaine que je vais récolter va être impressionnante. »
Il tourne son miroir vers elle et ce dernier se met à briller intensément.
« La récolte approche. Il me suffit de trouver un moment à passer seul avec elle et le tour sera joué. »
Soudain on voit Lydia défaillir. Elle ne tient plus debout et est rattrapée par d’autres volontaires. Le responsable arrive tout de suite alors que Lydia se réveille.
« Lydia ! Ça va ?
— Que… qu’est-ce qui m’est arrivé ?
— Il faut te reposer Lydia, tu travailles trop ! Écoute, tu vas aller te reposer un peu dans l’église, retrouve des forces en mangeant un bout, et après tu rentreras chez toi.
— Mais…
— Y’a pas de mais ! Tu n’es plus en état de nous aider de toute façon. Je t’ordonne d’aller te reposer pendant une semaine. Après seulement tu pourras revenir. »
Voyant que le responsable est inflexible, Lydia accepte en hochant la tête. On l’aide à entrer dans l’église et à s’asseoir, on lui amène à manger et on la laisse ensuite seule.
« L’occasion est parfaite ! se dit Nitarh. Cette église est vide pour le moment. Allons-y ! »
Lydia a retrouvé un peu d’énergie et mange doucement. Soudain elle sent une présence non loin d’elle. En levant la tête, elle voit un homme au costume étrange et portant des lunettes de soleil. Évidemment, il s’agit de Nitarh, mais Lydia ne peut pas le savoir.
« Vous voulez savoir quelque chose monsieur ? demande-t-elle après avoir avalé une bouchée de son sandwich.
— Je suis juste venu vous parler, jeune demoiselle, dit Nitarh. Ça fait plusieurs jours que je vous vois travailler ici. C’est impressionnant pour une fille de votre âge de travailler ainsi. Mais vous avez l’air malade. Vous ne vous surmenez pas quand même ?
— Je finis par penser que si, dit Lydia. Angel avait raison.
— Vous avez les traits tirés, dit Nitarh, vous devez être très fatiguée. Regardez donc. »
Nitarh sort son Miroir de l’Ombre et le présente à Lydia. Au moment où elle voit son reflet dans le miroir, elle se sent mal, et son énergie quitte son corps sous forme d’une sorte de fumée lumineuse qui est absorbée par le Miroir.
« Mais… qu’est-ce que… vous faites ? parvient à dire Lydia qui est paralysée et n’a même plus la force de crier.
— Mais je te prends ton énergie ! rie Nitarh en jetant ses lunettes. Et au lieu de la gaspiller comme tu le fais, je vais l’utiliser à bon escient ! Ha ha ha ha ha ! »
Pendant ce temps, Angel arrive devant l’église avec Niko sur l’épaule. Ne voyant pas Lydia, il n’ose pas s’approcher, mais Niko le convainc de ne pas être timide et d’aller demander ce qui arrive à Lydia.
« Heu… Excusez-moi, dit-il à un volontaire. Je cherche Lydia. Vous savez où elle est ?
— Elle a eu un petit malaise, répond le volontaire. Elle est dans l’église en train de manger un morceau avant de rentrer chez elle.
— Un malaise ? !
— T’inquiète pas, elle va bien maintenant. T’as qu’à aller voir par toi-même.
— OK, merci ! »
Angel entre rapidement dans l’église. Il ne voit personne, mais en avançant il aperçoit soudain Lydia et celui qui est avec elle. Il reconnaît Nitarh tout de suite et se cache derrière une colonne.
« C’est Nitarh ! murmure-t-il à Niko. Qu’est-ce qu’il fait à Lydia ? !
— Viens par là ! » lui murmure Niko en volant vers une porte en bois entrouverte.
Une fois cachés dans ce débarras, Niko parle plus librement :
« Appelle Martin ! Il doit avoir fini son entraînement.
— OK, acquiesce Angel en ouvrant son transmetteur. Martin ? »
Le visage de Martin apparaît sur l’écran.
« Angel ? Qu’est-ce qui se passe ?
— Je sais pas trop. Nitarh est en train de faire du mal à Lydia ! Rejoins-nous vite à l’église Sainte-Cécile !
— J’arrive ! Je fais aussi vite que je peux ! »
Angel ferme son transmetteur.
« Bon, en attendant, il faut l’empêcher de nuire ! Amulette Arc-en-Ciel, métamorphose ! »
Pendant ce temps, Nitarh continue de pomper l’énergie de Lydia qui est de plus en plus faible.
« Quelle quantité d’énergie dans un corps aussi petit ! Le maître sera fier de moi !
— Arrête ça tout de suite !
— Qui est là ? ! »
Nitarh se retourne, rompant le flux d’énergie et libérant Lydia qui tombe à terre. Il voit Rain Bow debout sur un des bancs de l’église. Ce dernier a l’air très en colère.
« Lydia est une jeune fille innocente qui consacre son temps et son énergie à aider les autres, et tu oses t’en prendre à elle ! Prends garde ! Car je suis le messager de l’espoir, Rain Bow !
— Rain Bow… Je me demandais si tu allais venir ou pas cette fois-ci. Mais puisque tu es là, j’ai une surprise pour toi. Créature de l’Ombre, apparais ! »
L’ombre de Lydia s’allonge soudain, et à l’intérieur quelque chose semble bouger. Puis cette chose semble sortir de l’ombre en se dépliant, comme un papillon sortant de sa chrysalide. Elle est couverte d’une sorte d’huile visqueuse qui cache ses traits. Une fois complètement sorti, le monstre s’ébroue et semble se déployer tandis que l’huile disparaît. C’est un monstre femelle à la peau verte, habillée comme une carmélite, mais son costume est rouge au lieu d’être noir, et sa calotte est ornée de cornes. Quant à son crucifix, il est hérissé de pointes acérées.
« Carmélitaya, tu es superbe ! s’écrie Nitarh. Allez, occupe-toi de ce jeune sot pendant que je prends l’énergie de cette gamine !
— Tout de suite, maître ! »
Carmélitaya court vers Rain Bow, fait apparaître des crucifix pointus autour d’elle et les lance vers Rain Bow qui est obligé de sauter pour éviter de se faire transpercer. Pendant ce temps-là, Nitarh se retourne vers le corps inanimé de Lydia et tend son Miroir vers elle.
« Allez jeune fille, tu as encore beaucoup d’énergie à me donner ! »
Le flux d’énergie reprend, mais soudain il s’inverse au grand étonnement de Nitarh.
« Mais… qu’est-ce qui se passe ? Comment cette fille peut réabsorber son énergie ? C’est impossible ! »
Il écarte son Miroir pour faire cesser le flux, puis dit à Lydia (qui ne risque pas de l’entendre) :
« Petite peste ! Je ne sais pas comment tu as fait pour récupérer ton énergie, mais c’est très fort. Tu as de la chance que mon Miroir ne fonctionne qu’une fois sur une même personne. Allons-y, je n’ai plus qu’à rapporter le peu d’énergie que j’ai récupéré aux Sages Noirs. »
Nitarh devient complètement noir, puis sa silhouette se fond avec son ombre qui elle-même finit par disparaître.
Au même moment, Rain Bow est en mauvaise posture. Bloqué dans un coin et entouré de crucifix plantés dans les murs par Carmélitaya, il s’est recroquevillé alors que cette dernière s’apprête à lui lancer un crucifix en plein cœur.
« Tu n’es pas si puissant finalement », dit-elle avec sa voix cassée désagréable.
Elle lance son crucifix quand soudain :
« Boule de Feu ! »
La boule de feu frappe le crucifix et le fait disparaître. Rain Bow et le monstre se tournent vers la porte d’entrée d’où Red Bow a lancé son attaque.
« Red Bow ! J’suis content de te voir ! s’écrie Rain Bow.
— Désolé d’avoir été si long. J’espère que je n’ai rien manqué. Toi le monstre, tu vas regretter de t’être attaqué à mon ami ! Je suis Red Bow, le guerrier de l’espoir, et mon feu intérieur te le fera payer ! »
Carmélitaya se tourne vers Red Bow et saute sur lui, son crucifix à la main comme un poignard.
« Ah non ! s’écrie Rain Bow qui s’est relevé. Rubans Arc-en-Ciel ! »
Les rubans s’enroulent autour de la main du monstre qui en lâche son crucifix et est arrêté en plein vol. Elle retombe lourdement cul par-dessus tête.
« Et maintenant le coup de grâce ! Red Bow, avec moi ! Rubans Arc-en-Ciel !
— Boule de Feu ! »
La boule de feu se fond dans les Rubans Arc-en-Ciel qui grâce à leur énergie décuplée transpercent Carmélitaya. Dans un flash de lumière, cette dernière se transforme en une statue de sable dont sort une fumée noire qui disparaît rapidement. Ensuite la statue s’effondre en un tas de sable.
Quelques instants plus tard, Lydia commence à gémir.
« Lydia ! s’écrie Rain Bow. Vite, transformons-nous et allons l’aider ! »
Angel et Martin touchent leurs Amulettes respectives et sont entourés d’une aura correspondant à leur couleur. Leur costume est alors comme absorbé par l’Amulette et ils se retrouvent habillés comme avant leur transformation. Angel court soulever la tête de Lydia tandis que Niko vient se poser sur son épaule.
« Lydia ! Lydia ! Ça va ?
— Qu’est-ce… que… ? Angel ? ! s’écrie-t-elle en ouvrant les yeux. Où est passé l’homme bizarre, avec ses yeux noirs ?
— Il est parti, dit Martin, les Combattants de l’Arc-en-Ciel l’ont fait fuir.
— Martin ? Tu es là aussi ? Qu’est-ce que vous faites là tous les deux ?
— Tu sais bien que je t’avais dit que je viendrais pour t’aider aujourd’hui, dit Angel. Et Martin… euh… il est venu m’aider aussi ! »
Martin le regarde, surpris, mais Angel insiste en montrant Lydia des yeux :
« N’est-ce pas, Martin ?
— Euh… bien sûr !
— Mais c’est très gentil ça, dit Lydia qui semble retrouver peu à peu des couleurs. Alors allez-y ! On a besoin de bras et je peux rien faire pour l’instant.
— Et toi ?
— Je me sens déjà bien mieux. Je vais me reposer encore un peu et je vous rejoindrai après.
— D’accord. »
Angel l’aide à s’asseoir, lui fait un sourire et part vers la porte en emmenant Martin. Ce dernier lui murmure :
« Merci du cadeau, je voulais rentrer chez moi et me reposer ce soir.
— Ça va hein ? Tu aurais préféré que je lui dise la vérité ?
— C’est très bien d’aller aider les gens, murmure Niko. Allez-y, je suis fier de vous.
— Si toi aussi tu t’y mets… » dit Martin d’un air dégoûté.
Angel en éclate de rire, suivi de près par Martin.