Comme d’habitude, nous retrouvons Atarh devant les Sages Noirs (devant ? Au centre serait plus exact !).
« Nous attendons tes explications, Atarh ! crie l’un des Sages Noirs.
— Un nouveau combattant est apparu. Il a vaincu mon soldat, dit Atarh qui essaie de se justifier.
— Ce n’est pas une excuse ! dit un autre Sage Noir. Tu nous avais promis de nous apporter une énorme quantité d’énergie humaine, mais tu as échoué !
— Le peu d’énergie que tu as apporté est loin d’avoir satisfait le maître, dit un autre Sage Noir (NdlA : vous commencez à être habitués. À chaque fois qu’Atarh répond ou que je change de ligne, c’est un autre Sage Noir qui parle).
— J’ai été pris par surprise, essaie de se justifier Atarh.
— Tu t’es fait berner oui ! » dit une voix derrière lui.
Dans l’ombre à l’intérieur du cercle formé par les Sages Noirs, une silhouette se forme, puis avance vers la lumière. C’est Nitarh qui arbore un grand sourire.
« Nitarh ! Qu’est-ce que tu fais là ? !
— Je viens faire mon rapport aux Sages Noirs, c’est tout, répond l’intéressé.
— Qu’as-tu à dire, Nitarh ? demande un Sage Noir.
— Atarh s’est enfui sans combattre, dit Nitarh. Au lieu de se battre contre ce gamin et son nouveau compagnon, il a préféré partir se cacher. Sages Noirs, j’estime qu’Atarh doit être relevé de ses fonctions !
— Ce n’est pas vrai ! s’écrie Atarh qui bout intérieurement. Tu veux me remplacer à la tête de la conquête de cette planète, c’est tout !
— J’estime simplement de mon devoir de prévenir nos supérieurs de tes fautes !
— Taisez-vous ! » s’écrie un Sage Noir d’une voix à faire trembler les montagnes.
Atarh et Nitarh se taisent immédiatement et se mettent au garde-à-vous.
« Atarh, nous te donnons une dernière chance ! Cette mission sera pour toi décisive. Si tu échoues, ce n’est pas la peine pour toi de revenir te présenter devant nous ! Ta punition sera le bannissement définitif ! »
Atarh encaisse l’ultimatum sans broncher.
« Merci, Sages Noirs, dit-il. Je vous assure que vous n’aurez pas à le regretter. »
Son image semble trembler et il disparaît.
« Sages Noirs, commence Nitarh. Sauf votre respect, je trouve que vous n’êtes pas assez intransigeants avec lui.
— Ne crois pas cela, dit un Sage Noir. S’il échoue cette fois encore, nous te chargeons de le punir comme il se doit.
— À vos ordres », réplique Nitarh dont le franc sourire en dit long sur la punition qu’il exercera sur Atarh.
Dans son antre, Atarh rumine sa défaite :
« Bon sang ! À cause de ces gamins, j’ai perdu la confiance des Sages Noirs et je risque le bannissement. Il faut que je réussisse cette fois.
— Maître Atarh, nous pouvons peut-être vous aider », disent deux voix derrière lui.
Atarh se retourne. Nous voyons deux silhouettes dans l’ombre.
« Vous ? Vous avez un plan ?
— Nous pensons que oui, disent les deux voix de concert. Notre plan nous permettra d’amasser une grande quantité d’énergie, et nous attirerons de plus ces deux combattants dans un piège qui leur sera fatal.
— Expliquez-moi donc ça », dit Atarh, visiblement intéressé.
C’est à ce moment que nous quittons ce lieu par un fondu au noir (NdlA : eh oui ! Vous ne croyez tout de même pas que je vais tout vous révéler maintenant !).
Fin février. Ce sont les vacances d’hiver jusqu’au 8 mars. Et bien entendu, depuis le début des vacances il n’a pas arrêté de faire mauvais. La pluie n’a pas cessé de tomber depuis 3 jours. Finalement, Angel, Martin et Niko profitent d’un après-midi plus calme (il y a même un peu de soleil) pour se retrouver dans le petit coin secret d’Angel dans le parc. Ils ont ressorti les gros manteaux et les gants car il fait plutôt froid.
« Bon ! dit Martin en s’asseyant sur le banc qui, protégé par un arbre, est resté au sec. Vous allez peut-être enfin m’expliquer ce qui se passe !
— Il n’y a pas grand chose à expliquer, dit Angel. Je t’ai déjà raconté tout ce que nous savons.
— Attends ! Un oiseau qui parle et qui me donne ce drôle de pendentif, dit Martin en montrant son Amulette, je me transforme et je me mets à envoyer des boules de feu. Et cette histoire d’ennemis, c’est quoi ? Cet Atarh, d’où il vient ?
— Je continue mes recherches », dit la voix désincarnée d’Aniva.
Martin sursaute.
« C’était quoi ça ?
— Il est temps de te présenter », dit Niko.
Niko s’envole en laissant une traînée arc-en-ciel en forme d’arche. Sous l’arche apparaît l’image d’Aniva.
« Martin, je te présente la prêtresse Aniva, dit Angel.
— Bonjour Martin, ou plutôt Red Bow, dit-elle. Je suis très heureuse de te rencontrer.
— C’est… C’est vous la prêtresse Aniva ? balbutie Martin.
— Ce n’est que mon image. Je réside sur la face cachée de la Lune. Martin, je comprends ta confusion. Tu te retrouves du jour au lendemain investi d’une mission qui englobe le monde entier. Tu dois combattre des ennemis inconnus dont les pouvoirs sont impressionnants. Je me sens coupable de donner une telle responsabilité à des enfants, mais je n’ai pas le choix. Vous seuls pouvez leur faire face. Je continue à faire mes recherches, mais la mémoire me fait défaut. Et pourtant, je suis certaine que j’ai déjà entendu le nom d’Atarh quelque part…
— Ce serait un souvenir d’avant votre hibernation ? demande Angel.
— Peut-être, répond Aniva. Angel, Martin, il faut que vous continuiez à combattre ces monstres. Il faut protéger la Terre contre ces envahisseurs et surtout découvrir leur identité. Ce sera le seul moyen de les vaincre.
— D’accord Aniva, dit Angel. Martin, tu es avec nous ?
— Après avoir vu ce que cet Atarh a fait, évidemment ! Si je peux l’empêcher de nuire encore une fois, tu penses bien que je le ferai !
— Bravo Martin, dit Aniva. Tu mérites bien le titre de guerrier de l’espoir. »
Aniva disparaît.
« Enfin, en attendant, on n’est pas plus avancés.
— Je sais Martin, dit Niko. C’est aussi cela votre mission, découvrir qui se cache derrière tout ça.
— D’accord Niko, dit Martin. Puisque je suis un Combattant de l’Arc-en-Ciel, il ne me reste plus qu’à me faire une raison…
— Bon, on sort d’ici avant qu’il se remette à pleuvoir ? » demande Angel.
Soudain, comme pour donner raison à Angel, le ciel se couvre en un instant, et une pluie forte et drue s’abat sur le parc. Angel et Martin mettent leur capuche tandis que Niko se réfugie dans le manteau de Martin.
« Merde, ça a été si soudain ! s’écrie Martin. Vite, allons dans le métro ! On y sera au sec ! »
Et Angel et Martin se mettent à courir comme des dératés pour être le moins mouillés possible.
Quelques jours ont passés, et nous sommes maintenant en mars. Et s’il n’y a pas encore eu de giboulées, c’est uniquement parce que la pluie ne s’est pas arrêté de tomber depuis qu’Angel et Martin sont partis en courant du parc. Angel fait ses devoirs (eh oui, ses profs sont suffisamment sadiques pour lui donner des devoirs à faire pendant les vacances scolaires, dont un devoir de géographie qui a le don d’énerver Angel) tout en regardant de temps en temps par la fenêtre. La pluie tombe, serrée, drue, et en regardant vers la rue il peut voir les parapluies ou les gens engoncés dans leurs manteaux imperméables (qui ne procurent qu’une défense limitée contre un tel déluge). Angel retourne à son devoir de géo, mais il n’arrive pas à se concentrer dessus. Le téléphone sonne. La tante d’Angel décroche, puis l’appelle :
« Angel, c’est pour toi ! C’est Lydia !
— J’arrive tata ! »
Angel est content d’avoir une excuse pour se reposer un peu. Il va dans le couloir, et retrouve sa tante, le combiné du téléphone sans fil à la main.
« Merci tata, dit-il en lui prenant le combiné et en retournant dans sa chambre. Allô Lydia ?
— Salut Angel, ça va ? demande la voix au téléphone.
— Bof, répond-il, je suis en plein devoir de géo.
— Toi aussi ! Moi, je l’ai presque fini. Et toi ?
— J’ai du mal, j’arrive pas à me concentrer dessus. Je déteste ça.
— Tu veux que je te donne un coup de main ?
— Ça va aller, j’ai bientôt terminé de toute façon. Sinon pourquoi tu m’appelles ?
— Mes parents m’emmènent au centre Pompidou demain après-midi. Ils profitent qu’ils ne travaillent pas ce vendredi pour y aller quand il n’y a pas trop de monde. Tu veux venir ?
— Pourquoi pas ? Mais ça va pas déranger tes parents ?
— Pas du tout ! Enfin j’espère. En ce moment, ils sont irritables…
— Ma tante aussi. Ça doit être la pluie qui arrête pas de tomber. C’est énervant !
— Alors c’est d’accord. Tu viens nous retrouver chez nous à 14 heures demain, d’accord ?
— D’accord. Je vais essayer de terminer mon devoir de géo avant, comme ça ma tante me laissera sortir sans problème. À demain alors.
— Salut Angel. »
Il appuie sur le bouton qui coupe la ligne. Niko qui se reposait au sommet d’une armoire lève la tête.
« Tu sors demain ? lui dit-il.
— Oui, répond Angel. Ça fait longtemps que j’ai été dans ce gros tas de tuyaux. Il y aura peut-être quelque chose d’intéressant.
— Mouais… dit Niko en rebaissant la tête. Si il continue à pleuvoir comme ça demain, compte pas sur moi pour te suivre.
— C’est pas grave, reste ici au sec.
— Qu’est-ce qu’elle voulait ? demande la tante d’Angel en arrivant dans la chambre.
— Ses parents vont au centre Pompidou demain et ils m’invitent.
— Tu as intérêt à terminer ton devoir de géo avant, sinon tu n’y vas pas ! lui réplique sèchement sa tante.
— Oui tata, ne t’inquiète pas pour ça.
— Et tu me le feras lire, je ne veux pas que tu le bâcles pour sortir demain ! continue-t-elle en repartant dans le couloir.
— Mais qu’est-ce qu’elle a en ce moment ? » se demande Angel.
Le lendemain, Angel part pour la maison de Lydia. Il a fini son devoir de géo et sa tante l’a laissé partir de mauvaise grâce. Il a évidemment emporté son parapluie car la pluie continue de tomber sans interruption. Il arrive à la bouche de métro mais se fait bousculer par un homme qui fonce dans le souterrain. Il manque de bousculer une femme qui l’abreuve d’insultes tout en continuant à marcher. Il finit par retrouver son équilibre et se dit :
« Mais ils sont devenus fous ou quoi ? Les parisiens ne sont pas très aimables d’habitude mais là je n’ai jamais vu ça ! »
Il hausse les épaules et descend dans le métro.
Il arrive devant chez Lydia et sonne à la porte. C’est Lydia qui lui ouvre. Elle a l’air assez gênée.
« Ah… salut Angel… euh… mais entre, reste pas dehors, tu vas être trempé. »
Angel rentre mais Lydia lui dit de rester sur le paillasson.
« Désolée, mais je préfère que tu restes là, j’ai pas envie que tu te fasses engueuler par mes parents.
— Qu’est-ce qui se passe ?
— Mes parents se sont disputés aujourd’hui. Je n’ai jamais vu une telle dispute, dit Lydia tandis que ses yeux se mouillent.
— Eh ! Ça va aller Lydia ! essaye de la réconforter Angel. Tes parents s’adorent.
— Je les ai jamais vus comme ça… Je crois que pour Pompidou c’est fichu.
— Attends, on n’a qu’à y aller tous seuls, propose Angel.
— Ça va pas ! s’écrie Lydia. Mes parents ne voudront jamais.
— T’inquiète pas, ils ont juste besoin de repos. On va les laisser seuls un moment et ça ira mieux.
— Tu crois ?
— J’en suis sûr, dit-il avec un sourire. Allez viens.
— D’accord. Je laisse un mot à mes parents et j’arrive. Je veux pas leur parler en face, ils me font peur. »
Tandis que Lydia s’éloigne pour se préparer, Angel réfléchit : « Cette pluie fait perdre les pédales à tout le monde j’ai l’impression. J’espère qu’elle va bientôt s’arrêter avant qu’il n’arrive un drame. »
Angel et Lydia sont au centre Pompidou depuis une bonne heure. Lydia va bien mieux et se moque des sculptures qui sont censées être de « l’art contemporain ». Soudain, Angel reconnaît quelqu’un, une personne d’1m90 qui a l’air de s’ennuyer à mourir, adossé contre un mur. Il le rejoint et lui dit :
« Alors Martin, on s’intéresse à l’art contemporain ?
— Angel ? dit Martin en tournant la tête vers lui. Mais qu’est-ce que tu fous là ?
— Je me moque de l’art contemporain avec Lydia, réplique-t-il. Et toi ?
— J’accompagne mon frère et ma sœur. Mes parents travaillent et ils voulaient absolument venir ici cet après-midi ces monstres, dit-il en montrant du doigt un garçon et une fille d’environ 10 ans qui regardent un tableau en mimant les gestes appliqués d’adultes faussement émus par la “beauté” des toiles non loin de là.
— Ils voulaient venir ici ? se demande Angel qui a du mal à croire que deux gamins de cet âge s’intéressent à cette forme d’art.
— Me demande pas pourquoi, je les comprendrai jamais… soupire Martin. Les gosses ! On ne touche pas aux peintures ! Excuse-moi Angel mais je dois les arrêter avant qu’ils provoquent une catastrophe.
— Vas-y », dit Angel.
Martin va arrêter ses deux petits monstres de frère et sœur tandis que Lydia rejoint Angel.
« C’est Martin, non ? demande-t-elle.
— Oui, il accompagne son frère et sa sœur.
— OK. »
Martin les rejoint en tenant la main de son frère et de sa sœur. Ces enfants paraissent encore plus petits à côté de ce géant.
« Bon, je vais les garder un peu avec moi. Ces petits diables sont insupportables.
— Tu veux que je m’en occupe ? demande Lydia.
— Tu ferais ça pour moi ? lui réplique Martin.
— Bien sûr, j’adore les enfants, explique Lydia. Et puis tu as l’air bien embêté avec eux. On se retrouve dans deux heures à cet endroit, OK ? Allez, venez les enfants, ajoute-t-elle à leur attention en leur prenant la main. On va se promener au milieu des sculptures ? Si vous êtes sages, je vous achèterai une glace. »
Les enfants semblent ravis et Lydia s’éloigne avec eux.
« Eh bien, elle a l’air de savoir s’y prendre avec les gosses, dit Martin.
— L’instinct maternel je suppose, dit Angel. Elle fait pareil avec moi. »
Martin le regarde bizarrement un instant puis éclate de rire, suivi de près par Angel.
« Bon, qu’est-ce qu’on fait ? demande Martin.
— Je sais pas. On n’a qu’à se promener un peu.
— J’te suis. »
Martin et Angel marchent un peu en discutant et leur conversation tourne bientôt autour de la pluie qui n’arrête pas de tomber depuis une semaine.
« Alors toi aussi t’as remarqué que les gens se conduisent bizarrement, dit Martin.
— Oui, ils ont l’air vraiment énervés depuis que la pluie a commencé à tomber. Remarque je peux les comprendre. Moi la pluie ça me déprime.
— Moi aussi ça m’énerve cette pluie. Parfois j’aurai envie de cogner sur n’importe qui ! Mais bon, ça ne sert strictement à rien ! C’est pas ça qui va empêcher la pluie de tomber.
— C’est sûr. Tiens, y’en a qui en ont pas marre de la pluie. Ils vont jusqu’à la peindre.
— De quoi tu parles ?
— De cet expo-là, regarde. »
Martin suit le regard d’Angel et tombe sur un coin qui semble consacré à un seul artiste. En effet, les toiles semblent toutes être consacrées à la pluie.
« On va voir ça de plus près ? propose Martin.
— Si tu veux, acquiesce Angel. Tiens, je vais voir par là.
— Moi je vais par ici. On se retrouve ici tout à l’heure ?
— D’accord. »
Martin et Angel se séparent. Martin avance et regarde les toiles qui représentent des averses, des inondations, et même un raz-de-marée. Tout cela est plutôt figuratif et même si le sujet est assez bizarre, c’est bien peint, comme on dit.
« Vous aimez monsieur ? demande une voix.
— Pas mal oui, c’est spécial mais c’est pas mal, dit Martin en se tournant vers la personne qui a parlé. C’est un homme brun qui a l’air assez jeune.
— Je suis content que vous aimiez mes toiles.
— C’est vous l’artiste ? !
— Oui, j’aime bien passer dans mon expo pour voir la réaction des gens. Ça semble plaire. Bizarrement, les gens ont l’air attirés par la pluie.
— Avec ce qui tombe dehors, c’est normal de s’interroger quand on voit ce genre de toiles, réplique Martin. On croirait que le ciel vous fait de la pub.
— Je n’en demandait pas tant, mais c’est vrai que j’aime la pluie. C’est un défi toujours renouvelé que de vouloir peindre quelque chose qui n’est que mouvement. Je suis plutôt doué, soit dit en passant.
— Oui… » dit Martin à qui la tête de cet homme ne revient pas.
Pendant ce temps, Angel regarde d’autres toiles. Toujours le même sujet, pluie, inondations, mer déchaînée, etc.
« C’est pas mal, hein ? lui demande une voix.
— Hein ? Euh… oui, pas mal, dit Angel en se tournant vers l’homme brun qui lui parle (NdlA : il convient de vous dire que c’est le sosie de la personne qui discute avec Martin. Mais évidemment Angel ne le sait pas).
— Je suis heureux quand mes toiles plaisent, dit l’homme.
— Vous avez peint toutes ces toiles ?
— Oui, toutes les toiles de cette exposition. J’en suis très fier.
— Ça me déprime, dit Angel, surtout avec la pluie qui tombe dehors.
— Oui, c’est une des émotions que j’aime provoquer », dit l’homme qui semble prendre plaisir à déprimer les gens.
Quelques minutes plus tard, Angel et Martin se retrouvent sous une sculpture géante qui représente une tempête, en tout cas si l’on en croit la petite pancarte au pied de cette sculpture.
« Ouf ! J’ai quand même réussi à me débarrasser de ce connard ! dit Martin.
— De qui tu parles ?
— Du mec qui a réalisé toutes ces toiles et cette sculpture. Il était lourd ce mec, et égocentrique en plus !
— T’as rencontré l’artiste ? C’est pas possible, il me parlait à moi ! s’écrie Angel.
— Tu t’es fait avoir mon pauvre.
— Non ! Regarde, c’est lui ! »
L’homme brun est loin d’eux mais est bien visible.
« C’est pas possible ! C’est avec lui que j’ai parlé ! Je reconnaîtrais ce connard bouffi d’orgueil entre mille ! » s’écrie Martin.
Soudain apparaît au détour d’un panneau un autre homme brun identique qui rejoint le premier. Martin et Angel n’en croient pas leurs yeux.
« Des sosies ! s’écrie Angel.
— Je dirai plutôt des jumeaux, dit Martin.
— Mais il m’a dit qu’il avait fait toute l’expo tout seul !
— L’autre m’a dit la même chose. À mon avis, il y a de la rivalité dans l’air. »
Angel entend des bruits et se retourne pour voir deux personnes en train de se battre. Elles sont vite séparées par la sécurité.
« Y’a de la rivalité dans l’air en effet, dit Angel. Avec cette pluie, tout le monde disjoncte en ce moment. Bon, on continue la visite ? On ne doit retrouver Lydia que dans une heure et demie.
— D’accord, allons-y. »
Ils repartent ensemble quand Angel remarque un homme portant des lunettes de soleil. « Qu’est-ce qu’il fait avec des lunettes de soleil par ce temps ce mec ? » se demande-t-il. Mais il décide de ne pas s’y intéresser davantage et tourne la tête. L’homme aux lunettes de soleil rejoint les jumeaux.
« Comment se déroule le plan ? murmure-t-il.
— Comme prévu, maître, disent en même temps les jumeaux. Ces humains sont idiots : ils ne supportent pas la pluie et s’énervent pour rien quand elle tombe trop longtemps. Avec la pluie continuelle que nous avons provoquée, nous sommes en train d’énerver tout Paris. Le maximum d’énergie sera atteint ce soir, et à ce moment-là nous moissonnerons. Notre sculpture absorbera alors toute l’énergie de cette ville et les Sages Noirs seront obligés de vous féliciter pour la quantité d’énergie que vous leur aurez fournie.
— Et pour ces deux idiots de combattants ?
— Nous les attendons de pied ferme. S’ils essaient d’intervenir, ils tomberont dans notre piège.
— Je suis heureux d’entendre cela, dit Atarh. Ha ha ha ha ha ! »
Le soir, Angel est dans sa chambre et discute avec Niko.
« Les gens pètent vraiment les plombs en ce moment. J’ai vu plusieurs bagarres au niveau des bouches de métro, des gens qui voulaient y entrer le plus vite possible et qui se sont bousculés. Et puis y’a les parents de Lydia et ma tante. Ils ne sont jamais comme ça d’habitude. Tu as vu comment elle m’a engueulé tout à l’heure ?
— C’est vrai que c’est étrange, acquiesce Niko. Tout ça ne me paraît pas naturel.
— Tu penses que la pluie serait l’œuvre de nos ennemis ? Ils pourraient faire quelque chose comme ça ?
— Je n’en sais rien. Mais ça ne doit pas être impossible. Ces ennemis semblent bénéficier de moyens très puissants. »
Le téléphone sonne. Angel attend mais personne ne le décroche. Il continue à sonner.
« Tata Patricia ! Le téléphone ! »
Personne ne répond. Intrigué, Angel va dans le couloir et arrivant devant le téléphone, il découvre sa tante inanimée allongée par terre.
« Tata ! »
Il s’agenouille et lui prend le pouls. Son cœur bat régulièrement, elle n’est qu’évanouie. Il a soudain un fort mal de tête. Il décroche le téléphone :
« ... Allô ?
— Ouf ! Tu vas bien ! crie la voix affolée de Martin.
— Martin ? Ma tante est évanouie !
— Toute ma famille aussi ! dit Martin. J’ai regardé par la fenêtre. Tous les gens dehors semblent aussi s’être évanouis. J’ai un mal de tête horrible !
— Moi aussi, dit Angel. Ça va passer. C’est toujours comme ça quand nos ennemis essaient de voler notre énergie. On en discutait avec Niko. Cette pluie n’est pas naturelle !
— Exactement, dit Niko qui a rejoint Angel. Les ennemis sont passés à l’action ! Il faut les retrouver et récupérer l’énergie qu’ils ont volée.
— Je veux bien, dit Martin, mais où ils sont ces ennemis ? ! »
Soudain Angel a l’inspiration :
« L’exposition !
— Quelle exposition ? ! se demande Niko.
— Martin, cette expo avec toutes ces peintures sur la pluie et cette drôle de sculpture !
— Tu crois ?
— Ça me paraît trop gros pour être une simple coïncidence. Il faut y aller !
— Et comment tu comptes faire ? Si toute la ville est dans les pommes, les métros ne vont pas fonctionner !
— Transformez-vous ! dit Niko. Une fois transformés, vous pourrez courir beaucoup plus vite que la normale.
— D’accord, dit Angel en posant le combiné. Amulette Arc-en-Ciel, métamorphose ! »
Dans le combiné, on entend :
« Amulette Rouge, métamorphose ! »
Rain Bow reprend le combiné :
« On se retrouve sous le centre Pompidou. À tout de suite ! »
Il raccroche et part immédiatement en courant, suivi de Niko qui vole à toute vitesse.
Un quart d’heure plus tard, Rain Bow retrouve Red Bow sous le centre Pompidou.
« T’en a mis un temps, dit Red Bow.
— Désolé... j’ai… couru aussi vite… que j’ai pu, dit Rain Bow, essoufflé.
— Bon, comment on va monter ? demande Red Bow en regardant l’étage où se trouve l’exposition des jumeaux. »
Rain Bow relève la tête et crie : « Rubans Arc-en-Ciel ! » Il envoie des rubans qui s’accrochent à un tuyau juste au-dessus de l’étage qu’ils veulent atteindre et tient l’autre bout dans la main.
« J’ai appris à les contrôler, explique-t-il. Accroche-toi à moi. »
Red Bow obéit et en le souhaitant, Rain Bow fait rétrécir ses Rubans Arc-en-Ciel qui les montent jusqu’à l’étage. Ils se posent sur un tuyau mais il reste tout de même la vitre qui leur bloque le passage.
« Ça, c’est pour moi, dit Red Bow. Boule de Feu ! »
Le verre ne résiste pas à la chaleur et fond, créant un trou largement assez gros pour laisser passer une personne.
« Eh bien ! On ferait d’excellents cambrioleurs ! s’esclaffe Rain Bow.
— Vous n’êtes pas là pour ça, dit Niko qui est monté en volant. Entrons.
— Rabat-joie ! » dit Rain Bow en suivant Red Bow et Niko.
Les Combattants de l’Arc-en-Ciel essaient de ne pas se faire repérer et marchent sans bruit dans ce lieu sombre quand soudain Red Bow se retrouve bloqué par un mur invisible. Ils essaient de passer par un autre côté mais ce mur les entoure ! La lumière s’allume et les Combattants se retrouvent face aux jumeaux qui ont repris leur forme monstrueuse. Ils sont toujours identiques, mais ressemblent à un croisement entre la créature de Roswell, un lézard et un kangourou. Il se tiennent par la main et leurs mains jointes brillent.
« Bienvenue, Red Bow et Rain Bow, nous vous attendions, disent les monstres jumeaux en même temps. Que dites-vous du piège de Jumor et Jumor ? !
— C’est comme votre peinture ! crie Red Bow. C’est nul !
— Et en plus ils ne savent pas reconnaître le talent. Pfff… Tant pis pour vous, vous l’aurez voulu. »
La pluie se met à tomber sur les Combattants de l’Arc-en-Ciel, mais le mur invisible semble aussi retenir l’eau et le niveau monte !
« Ha ha ha ! rient Jumor et Jumor. Vous allez mourir noyés ! Quelle fin horrible ! »
L’eau leur est déjà arrivée aux chevilles.
« Je vais faire fondre ce mur ! s’écrie Red Bow. Boule de Feu ! »
Malheureusement, la pluie qui tombe sur eux étouffe les flammes et rend son pouvoir inutilisable. L’eau a atteint leurs genoux.
« À moi alors ! crie Rain Bow. Rubans Arc-en-Ciel ! »
Mais les rubans rebondissent sur le mur et disparaissent. Cela semble enchanter les monstres jumeaux qui rient de plus belle.
« Écoutez ! Ce que vous faites ne sert à rien, dit Niko. Regardez, ils se tiennent la main. Ça émet de l’énergie. Je suis sûr que si on les sépare, ce mur va disparaître.
— Mais comment on va faire ? on est bloqués ici », dit Red Bow.
L’eau leur est arrivée à la taille.
« Je sais ! s’écrie Rain Bow. Rappelle-toi ce qu’ont dit les jumeaux cet après-midi.
— Je vois ce que tu veux dire, dit Red Bow avec un sourire. Eh Jumor ! »
Les monstres s’arrêtent de rire.
« Tu sais que ton frère a dit à tout le monde qu’il avait peint toutes les toiles de l’exposition tout seul ? !
— Quoi ? ! s’écrient les deux monstres en se tournant l’un vers l’autre en même temps. Tu as osé prétendre ça ? ! »
La scène est surréaliste : les monstres jumeaux se lancent les mêmes insultes en même temps. Cela donne quelque chose comme :
« Tu n’as aucun talent ! C’est toi qu’est même pas capable de dessiner ton nez de cochon ! Nez de cochon ? ! Tu t’es vu avec ta tête de caméléon bourré ! Puisque tu crois que tu peux t’en sortir tout seul, t’as qu’à le faire ! »
Jumor et Jumor se lâchent la main en même temps. La lumière disparaît et avec elle le mur invisible et l’eau qui atteignait Rain Bow au niveau du cou. Ils sont même complètement secs.
« Allez, Rain Bow ! On va leur montrer ce qu’est un vrai travail d’équipe. T’es avec nous Niko ?
— Bien sûr ! dit ce dernier.
— Arc-en-Ciel de Pouvoir, apparais ! » crie Rain Bow.
Niko fait son habituel looping et en sort vert. Il vole à toute vitesse vers les monstres et fait un huit autour d’eux, passant entre eux. Ils essaient de l’attraper mais leurs gestes sont désordonnés et Niko passe sans problème. La traînée verte en huit qu’il laisse se transforme en deux petits cyclones qui séparent les monstres jumeaux et les envoient valdinguer.
« Je m’occupe de l’un. Boule de Feu !
— Et moi de l’autre. Rubans Arc-en-Ciel !
— Nooooon ! crient les monstres en même temps. C’est de ta faute ! »
La boule de feu atteint l’un en même temps que les rubans atteignent l’autre et les monstres jumeaux sont détruits en même temps.
« Ouais ! les Combattants de l’Arc-en-Ciel sont les meilleurs ! crient les Combattants de l’Arc-en-Ciel qui se tapent dans les mains.
— Ce n’est pas fini ! »
Plus loin, la sculpture en forme de tornade s’illumine, et à côté on peut voir Atarh qui est visiblement en colère.
« Combattants de l’Arc-en-Ciel, vous avez été trop loin ! Cette fois votre adversaire, ce sera moi ! Onde de Choc du Vide, frappe ! » crie Atarh en mettant ses bras en croix sur son torse.
Une sorte de bulle se forme autour d’Atarh, puis grandit sous forme d’une onde qui balaie tout sur son passage. Red Bow n’a pas le temps de l’éviter et se la prend de plein fouet, mais Rain Bow l’évite en faisant un bond impressionnant. Il n’en revient d’ailleurs pas lui-même :
« Comment j’ai fait ça ? Bon, pas le temps de me poser de questions. Rubans Arc-en-Ciel ! »
Atarh met son avant-bras devant lui en criant : « Bouclier de Vide, protège-moi ! » Un mur de Vide se forme à un mètre devant lui et les Rubans Arc-en-Ciel rebondissent dessus.
« Ha ha ha ! Jamais vous ne pourrez me vaincre !
— C’est ce qu’on va voir ! s’écrie Red Bow qui se relève.
— Ça va ? lui demande Rain Bow.
— Ça va, j’en ai vu d’autres. Allez, on combine nos pouvoirs. Boule de Feu !
— Rubans Arc-en-Ciel ! »
La boule de feu rejoint les rubans et se fond en eux. Ils changent de couleur, prenant une teinte mélange de rouge sombre et de jaune scintillant, et surtout accélèrent énormément.
« Bouclier de Vide, protège-moi ! » crie Atarh.
Le mur de Vide se forme, mais il est littéralement brisé par le pouvoir combiné des Combattants de l’Arc-en-Ciel. Pris pas surprise, Atarh n’a pas le temps d’éviter complètement l’attaque et est durement frappé au bras. Il en tombe à genoux. L’attaque continue et frappe la sculpture, la faisant exploser. Elle libère alors toute les énergies humaines emmagasinées qui s’en vont rejoindre leurs propriétaires. Avec la destruction de cette sculpture, la pluie s’arrête immédiatement de tomber et les nuages se désagrègent, montrant un ciel légèrement étoilé (NdlA : indépendamment des nuages, avec les lumières de la ville et la couche de pollution au-dessus de Paris, on peut difficilement espérer plus !).
« Noooon ! crie Atarh, à genoux et se tenant le bras blessé de sa main valide. Combattants de l’Arc-en-Ciel, je vous jure que je me vengerai ! »
Il se met à vibrer et disparaît.
« On a réussi ! s’écrie Rain Bow.
— C’est grâce à toi, dit Red Bow. Tu as fait un bond impressionnant.
— Hein ? Je sais même pas comment j’ai fait. C’est grâce à toi. Sans ton pouvoir, j’aurais jamais pu lui tenir tête.
— C’est grâce à votre coopération et votre esprit d’équipe, tranche Niko. Vous avez agi de concert et ainsi, vos pouvoirs se sont multipliés au lieu de simplement s’ajouter.
— D’accord, concède Rain Bow. Maintenant que la sculpture est détruite, tout Paris va se réveiller… Mais alors, tata Patricia aussi !
— Et mes parents aussi ! Il faut vite que je rentre avant qu’ils se rendent compte de mon absence !
— Moi aussi ! Salut ! »
Rain Bow et Red Bow repartent à toute vitesse, laissant Niko tout seul.
« Pfff… ils changeront jamais ces deux-là. »
Nous retrouvons le cercle des douze Sages Noirs. Atarh réapparaît au centre. Il est toujours à genoux, se tenant le bras blessé.
« Sages Noirs, je…
— Tu oses te représenter devant nous ! s’écrie le Sage Noir en face de lui. Nous t’avions prévenu que ton échec signifierait ton bannissement. La sentence prend effet dès maintenant ! »
Un cercle d’énergie apparaît autour d’Atarh.
« Non ! Attendez ! Laissez-moi une dernière chance ! Nooooon ! »
Le cercle devient une colonne qui recouvre Atarh. Quand cette colonne disparaît, Atarh n’est plus là non plus. Nitarh apparaît alors en sortant de l’ombre.
« Sages Noirs, vous m’aviez dit…
— Patience, Nitarh, dit un Sage Noir. Le bannissement est pour Atarh une punition pire que la mort.
— Il va vouloir se venger sur les responsables de son bannissement pour retrouver sa place parmi nous, dit un autre Sage Noir.
— Je vois, comprend Nitarh.
— La force de sa colère lui permettra peut-être de vaincre ces ridicules empêcheurs de tourner en rond, dit un troisième Sage Noir. En tout cas, qu’il y parvienne ou pas, tu devras être là pour lui administrer la sentence finale, et tu prendras alors sa place.
— Ordonnez et j’obéis », dit Nitarh en s’inclinant avec un grand sourire.
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