Friday, 12 August 2011

Kibou Niji Rengou Rainbow Fighters. Épisode 24 : un secret de famille

Nous sommes le lundi 31 mai, dans la cantine du lycée d’Angel. Nous y retrouvons Angel justement, ainsi que Lydia et Martin en train de manger. Clémence n’est pas là ? Eh bien non. Dans une semaine c’est le baccalauréat, et les terminales ont droit à une semaine libre pour réviser chez eux, semaine dont Clémence a décidé de profiter à fond pour se préparer (NdlA : comme si elle avait du souci à se faire avec sa moyenne…). D’ailleurs, nos trois amis sont en train de parler de ça.
« Vous vous rendez compte, plus qu’une semaine avant le bac, dit Lydia.
—  C’est super ! s’exclame Angel. Ça veut dire que les vacances d’été arrivent !
—  Tu penses qu’aux vacances ou quoi ? lui reproche Martin.
—  Ben quoi ? Tu vas pas me dire que t’aimes pas ça ? Et puis en plus on passe tous en première, c’est pas génial ?
—  C’est sûr que pour toi, c’était pas gagné d’avance, dit Martin.
—  Pourquoi t’es méchant avec moi ? ! geint Angel comme un enfant, ce qui fait rire Lydia.
—  Moi j’espère que ça va aller pour Clémence, dit cette dernière. Le bac S c’est pas n’importe quoi.
—  T’inquiète pas, dit Martin, notre génie local va en faire qu’une bouchée ! Ça m’étonnerait pas qu’elle atteigne des sommets !
—  C’est vrai qu’avec son niveau, on n’a pas de souci à se faire, continue Angel.
—  C’est pas comme toi », assène Martin.
Le choc est rude pour Angel qui rentre la tête dans les épaules.
« Ça va aller, dit Lydia. On va bien le faire travailler en première, et il aura pas de problème.
—  Merci de me remonter le moral Lydia, soupire Angel qui se sent fatigué à la moindre mention de travail. Autre chose, vous pensez que Clémence acceptera de faire une pause dans ses révisions samedi prochain ?
—  Pourquoi ? demande Martin.
—  C’est l’anniversaire d’Alexandra samedi. J’pensais qu’on pourrait lui faire une surprise.
—  Alexandra ? La tête de linotte ? demande Lydia.
—  Ça va, dit Angel, elle est gentille non ?
—  On va dire ça, réplique Lydia, peu convaincue.
—  Tu viendras quand même ? demande Angel.
—  Bien sûr, j’ai raté l’anniversaire de Martin alors je vais faire un effort.
—  J’appellerai Clémence ce soir pour savoir si elle peut se libérer, dit Martin. Et si vous voulez, on a qu’à se retrouver mercredi après-midi chez moi pour organiser ça. J’organise un barbecue. Je vous y invite si vous voulez. J’inviterai Aurélien aussi, histoire de le mettre au courant.
—  Un barbecue ? C’est super ça ! s’écrit Angel. C’est vrai que t’habites en maison et que t’as un jardin, c’est vachement pratique !
—  En contrepartie, on doit vivre en banlieue et je passe des heures dans le RER. C’est un peu cher payé je trouve.
—  Te plains pas, c’est toujours mieux que vivre en appartement, dit Lydia. C’est pas demain la veille que je pourrai faire un barbecue chez mes parents.
—  En fait, c’est pas vraiment moi qui l’organise. Tous les mois, l’un des joueurs de mon équipe invite tous les autres et l’entraîneur chez lui, pour un repas. Comme justement on est onze joueurs, avec l’entraîneur ça fait douze et chacun invite une fois par an. Ce mois-ci ça devait être Lucas qui devait recevoir, mais ses parents font des travaux dans leur appart’. Alors je me suis proposé pour que ça ait lieu chez moi, même si c’est toujours Lucas qui organise.
—  Lucas… Je vois pas qui c’est, se dit Lydia.
—  Il est arrivé en cours d’année, en février si je me souviens bien, explique Martin. Un vrai cadeau du ciel : il nous manquait un bon deuxième meneur de jeu, et Lucas est excellent dans ce domaine !
—  Meneur de jeu ? C’est quoi ça ? » demande innocemment Angel, pour qui le sport c’est de l’hébreu.
De surprise, Martin et Lydia manquent de s’étouffer avec leur nourriture. Ils se mettent à tousser à mort et se ruent sur la carafe d’eau. Angel n’y comprend rien :
« Quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit ? Qu’est-ce que j’ai dit ? ! »

Nous nous retrouvons comme d’habitude dans ce lieu fait d’ombres filamenteuses, formant une silhouette gigantesque vaguement humanoïde. Au milieu de cette ombre, la seule source de lumière est formée par le cercle des douze Sages Noirs, et ce n’est pas le genre de lumière qui vous réchauffe le cœur. Au centre du cercle, une tornade de fumée noire se forme, et se disperse en laissant apparaître Aniva, portant sa robe noire et les yeux uniformément gris. Un des Sages Noirs prend la parole, l’obligeant à se tourner vers lui.
« Alors Aniva, vas-tu enfin nous exposer ton plan ?
—  Oui, Sages Noirs. Je voulais d’abord m’assurer de son bon fonctionnement. Le but de mon plan est de trouver derrière qui se cache Rain Bow, le démasquer, et lui voler son énergie.
—  Et comment comptes-tu faire ? demande un autre Sage Noir.
—  Nous savons déjà plusieurs choses à propos de Rain Bow, explique Aniva en se tournant vers ce Sage Noir. Nous savons qu’il s’agit d’un jeune garçon, probablement de l’âge d’aller au lycée, en seconde comme disent les humains. Cela diminue déjà énormément le champ des recherches. Nous savons aussi qu’il a un grand cœur, prêt à aider les autres, ce que le Miroir de l’Ombre reconnaît facilement. Enfin, nous savons qu’il cache sa double identité, probablement pour protéger ses amis et sa famille. Cela l’oblige à mentir souvent, au moins à chaque fois que Rain Bow apparaît quelque part. En tant que spécialiste du Mensonge, je suis capable de ressentir lorsque quelqu’un cache un lourd secret dans son cœur. Il me suffit maintenant de trouver des garçons qui correspondent à ces trois critères. Ceux-ci sont suffisamment sélectifs pour que peu de personnes y correspondent. Il me suffit donc de trouver ces personnes, de les surprendre et de les confronter au Miroir de l’Ombre. S’il s’agit bien de Rain Bow, j’obtiendrai l’énergie tant désirée par le maître Esmeros. Dans le cas contraire, j’obtiendrai tout de même une dose d’énergie, ainsi qu’un nouveau soldat pour notre armée. De plus, il est presque certain que les Combattants de l’Arc-en-Ciel interviendront, ce qui me donnera une deuxième chance de voler l’énergie de Rain Bow. Dans tous les cas, nous sommes gagnants.
—  Sauf si ton monstre est vaincu ! »
Aniva se tourne vers l’apparition aux yeux rouges, Lotarh évidemment.
« J’ai vu comment tu t’es débrouillée pour ta première attaque, dit ce dernier. Et ce n’était pas brillant. Les Combattants de l’Arc-en-Ciel n’ont eu aucune difficulté à vaincre ton monstre.
—  De quel droit me critiques-tu ainsi ? ! s’insurge Aniva. Crois-tu avoir été plus efficace que moi ? Tu as largement eu ta chance et tu l’as laissée filer, alors ne t’en prends qu’à toi-même et cesse de me critiquer à tort et à travers !
—  Tu n’es qu’une débutante ! Comment crois-tu réussir là où nous avons échoué !
—  Cela suffit ! tonne la voix explosive d’Esmeros, tandis que ses yeux gigantesques apparaissent loin au-dessus des deux spécialistes. Lotarh, tes critiques sont une nouvelle preuve de ton insubordination à l’égard d’Aniva. C’est une insubordination envers moi ! J’exige que cela s’arrête ! Je t’ai ordonné d’obéir à Aniva, et j’entends que tu répondes favorablement à cet ordre ! Je te somme aussi de taire tes critiques envers Aniva. Elles sont plutôt malvenues de ta part ! N’oublie pas quelle punition je réserve à ceux qui me désobéissent !
—  Oui, maître, dit Lotarh en s’inclinant, tremblant comme une feuille. Je vous obéirai sans discuter.
—  Bien ! Aniva, pars chercher une nouvelle victime. Et essaie de réussir cette fois. J’exige que me soit apportée l’énergie de Rain Bow, et je commence à perdre patience !
—  Ne vous inquiétez pas, dit Aniva en s’inclinant, cette fois sera la bonne. »
Une tornade noire se forme autour d’elle et elle disparaît. Lotarh tente de prendre la parole :
« Maître, êtes-vous sûr que…
—  Lotarh ! l’interrompt Esmeros, je t’ai ordonné de taire tes critiques ! Oserais-tu déjà me désobéir ? !
—  Non, maître Esmeros.
—  Alors disparais de ma vue, et tiens-toi à la disposition d’Aniva !
—  Bien, maître Esmeros. »
Il s’incline très bas, ses yeux brillent et il disparaît.
« Lotarh devient incontrôlable, pense pour elle-même l’entité qu’est le maître Esmeros. Le retour de ses souvenirs ne l’a rendu que plus méfiant, et l’obliger à collaborer avec le seul être devant qui il a jamais perdu la face, à part moi, ne fait qu’accentuer sa défiance. Il vaudrait mieux le surveiller… »
C’est à ce moment que nous quittons le maître Esmeros et les douze Sages Noirs.

Mercredi après-midi, Angel et Lydia arrivent devant la maison de Martin. Ils voient qu’il y a déjà beaucoup de monde dans le jardin.
« Tu vois, je t’avais dit qu’on serait les derniers si tu te dépêchais pas, reproche gentiment Lydia.
—  Ça va, dit Angel, le barbecue a même pas l’air commencé. »
Ils entrent directement dans le jardin et se fraient un chemin, saluant au passage les amis basketteurs de Martin. Ils retrouvent ce dernier devant le barbecue, suant à grosses gouttes pour essayer de mettre le feu au charbon de bois sans provoquer d’incendie. Il est aidé par un autre garçon pas très grand (le plus petit de l’équipe il semble, il fait à peine quelques centimètres de plus qu’Angel).
« Salut Martin, ça va ?
—  Tiens, salut Angel, salut Lydia », dit Martin en relevant la tête.
Son visage est noir de charbon, ce qui fait éclater de rire Angel.
« Qu’est-ce qu’il y a ? Ah, ça… Au lieu de rigoler, t’as qu’à essayer un peu de m’aider, on verra si tu es plus doué que moi.
—  Surtout pas, dit Lydia. Angel avec des allumettes, c’est un danger public !
—  C’est pas vrai, dit Angel, c’était un accident ! »
Martin les regarde d’un air surpris. Il se tourne vers l’autre garçon et lui dit :
« Je fais une pause, Lucas. Ça t’ennuie pas de me remplacer ?
—  Pas du tout, répond ce dernier, vas-y. »
Il prend l’alcool à brûler et les alumettes et se met au travail.
« Venez avec moi, dit Martin en se dirigeant vers la maison, je vais me passer un coup sur le visage.
—  C’est lui Lucas ? demande Lydia.
—  En effet.
—  Il a pas vraiment la taille d’un joueur de basket, non ?
—  C’est pas faux, répond Martin. Mais c’est un super meneur de jeu, et dans ce poste la taille compte moins. En fait, c’est presque un avantage de pas être trop grand.
—  Aurélien est pas là ? demande Angel en rentrant dans la maison.
—  Pas encore, dit Martin. Il m’a dit qu’il pourra pas être là avant quatre heures. D’ici là, on aura peut-être enfin réussi à faire marcher ce barbecue.
—  Tu veux que je t’aide ? propose Lydia.
—  Non merci, dit Martin qui arrive à la salle de bain. Lucas et moi on se débrouille bien. Par contre, après, j’aurai besoin de monde pour transporter la bouffe. La table est mise mais la viande est toujours dans le frigo.
—  On t’aidera, t’inquiète pas.
—  On ? se demande Angel.
—  Merci, dit Martin en s’essuyant le visage. Allez, retournons voir tout le monde, ils vont se demander ce qu’on complote.
—  Ton frère et ta sœur sont pas là ? demande Angel.
—  Non, ils sont au centre aéré, comme tous les mercredis après-midi. Ça m’arrange, j’avais vraiment pas envie de m’occuper de ces deux petits monstres aujourd’hui. »
Ils resortent et reviennent au barbecue. De grandes flammes s’en dégagent.
« Ah Martin, te voilà, dit Lucas. Ça y est, le feu a pris et j’ai rajouté du charbon. Maintenant y’a plus qu’à attendre et à surveiller.
—  Je m’en occupe, dit Martin. Va te reposer un peu. Tiens, Angel, Lydia, allez à la table vous servir un verre.
—  Bonne idée ! » s’écrie Angel qui se rue sur la table, laissant les trois autres personnes complètement bouche bée.

La fête bat son plein. Martin, Angel et Lydia discutent de la surprise qu’ils préparent à Alexandra.
« Clémence va venir aussi samedi, dit Martin. Il faut que je la rappelle ce soir pour lui expliquer ce qu’on a décidé.
—  Je pense que le mieux ce serait de l’attendre chez elle samedi après-midi pour lui faire la surprise quand elle rentrera. Il suffit de s’organiser avec sa mère, dit Angel.
—  C’est classique mais c’est pas mal, dit Lydia. Vous avez pensé aux cadeaux ?
—  J’ai pensé qu’on pourrait tous se mettre ensemble pour lui offrir quelque chose qui lui ferait vraiment plaisir, dit Martin. J’sais pas trop quoi par contre.
—  Faudra demander à Clémence, c’est elle la forte en idée du groupe, estime Angel. Au fait, on pourrait aussi inviter le frère d’Alex, non ?
—  Bien sûr ! dit Martin, je pense qu’il raterait ça pour rien au monde. Sauf qu’on le connaît pas.
—  T’as qu’à appeler la mère d’Alexandra, dit Lydia. Elle s’en occupera.
—  Qu’est-ce que vous complotez tous les trois ? demande Lucas, qui arrive comme un cheveu sur la soupe.
—  On prépare une surprise pour une copine, explique Angel. C’est son anniversaire samedi.
—  C’est super ça ! Elle a de la chance d’avoir des copains comme vous. »
Il ajoute, en murmurant si doucement que seul Martin l’entend :
« C’est pas à moi que ça arriverait ça…
—  Martin nous a dit que ton appart’ est en travaux, et que c’est pour ça que t’organises la fête ici, dit Lydia.
—  ... C’est ça oui, réplique Lucas après un moment d’hésitation.
—  Tu pouvais pas simplement organiser le repas un autre jour ? demande innocemment Angel.
—  Euh… Non… balbutie-t-il. Mes parents font vraiment de gros travaux, ça va durer un moment. »
Il ajoute, avec une véhémence que Martin trouve louche :
« Et puis, c’est bien plus agréable dehors au soleil ! Bon, je reviens tout de suite. »
Lucas les laisse là, tandis que Martin et Lydia font une moue suspicieuse.
« Il est bizarre, dit Martin. Chaque fois qu’on parle de son appartement ou de ses parents, il hésite et cherche ses mots. Ils sont même jamais venus le voir aux matches.
—  J’ai remarqué ça aussi, dit Lydia. On dirait qu’il cache quelque chose.
—  Vous trouvez ? demande Angel qui n’est pas psychologue pour deux sous. Moi j’ai rien remarqué. »
Affaissement d’épaules des deux côtés.
« Évidemment, toi, pour te faire remarquer quelque chose, il faut vraiment s’y prendre à l’avance ! » critique Martin.
Angel hausse les épaules en faisant la moue.

Lucas s’est isolé dans un coin du jardin. Il s’appuie sur un arbre, le front contre l’avant-bras. Il respire bruyamment.
« ... Ça peut pas continuer comme ça, se dit-il. Je peux pas continuer à leur mentir…
—  À ce que j’entends, je ne me suis pas trompée de cible ! »
Lucas se retourne et se retrouve face à face avec une femme portant des lunettes noires et un ensemble noir moulant.
« Que… quoi ? ! balbutie-t-il.
—  Je sens en toi un grand mensonge qui empoisonne ton existence. Et pourtant tu as un grand cœur. Et tu as le bon âge. Tu es Rain Bow !
—  Hein ? !
—  De toute façon, c’est très facile à vérifier. Il suffit que tu te regardes dans le Miroir de l’Ombre ! »
À ces mots, Aniva sort le Miroir et Lucas y plonge le regard. Un cercle se forme à ses pieds, tandis que son énergie est absorbée sous la forme d’une vapeur blanche.
« Finalement tu n’es pas Rain Bow, dit Aniva en faisant la moue. Ce n’est pas grave, tu m’as quand même donné pas mal d’énergie.
—  Qu’est-ce qui se passe ici ? ! »
Aniva tourne la tête. C’est l’un des joueurs de basket qui a crié ainsi. Le cri a ameuté tout le monde, et Aniva se retrouve face à plus d’une dizaine de personnes. Angel et Martin se regardent d’un air entendu et commencent à reculer, lentement pour ne pas alerter les autres.
« Pfff… je suppose que vous êtes ses amis, dit Aniva d’un air dégoûté. Voulez-vous savoir ce que ce garçon cachait dans son cœur ? Maintenant que j’ai pris son énergie, j’y lis comme dans un livre ouvert. Il vous a menti en vous disant qu’il ne pouvait pas organiser cette petite fête chez lui parce que ses parents faisaient des travaux. Il ne voulait pas que vous veniez chez lui car vous auriez alors découvert qu’il vivait avec son père… et le petit ami de ce dernier ! »
C’est le choc et la consternation parmi les joueurs. Martin en reste bouche bée, et c’est Angel qui doit le tirer dans un coin du jardin. Une fois hors de vue, Martin se met à grogner :
« C’était ça alors ! Il nous a menti !
—  Attends un peu avant de le juger comme ça, dit Angel. Essaie d’abord de comprendre sa situation. Ça doit pas être facile pour lui, et vous avez pas forcément aidé les choses. »
Martin est surpris par la maturité de ce discours. Décidément, Angel l’étonnera toujours.
« En attendant, il faut intervenir », continue Angel.
Comme pour appuyer ses dires, des cris se font entendre de l’autre côté de la maison.
« Tu as raison, dit Martin qui se reprend. Amulette Rouge, métamorphose !
—  Amulette Arc-en-Ciel, métamorphose ! »
Une fois transformés, ils retournent vers leurs amis. Ils sont surpris de les voir tous à terre, Lydia y compris. Aniva a enlevé ses lunettes et remis sa robe noire, et à la place de Lucas se tient un monstre qui mesure au moins 2 mètres 50. Il est longiligne, presque squelettique, chauve, a la peau bleue et des oreilles pointues, et est vêtu d’un short et d’un maillot de basket.
« Ça suffit !
—  Qui est-ce que c’est maintenant ? ! crie Aniva.
—  Aniva, tu es notre amie, et nous ferons tout pour te sauver. Mais tant que ce démon te contrôlera, nous serons sur ton chemin pour t’empêcher de faire du mal. Prends garde ! Car je suis le messager de l’espoir, Rain Bow !
—  Et moi Red Bow, le guerrier de l’espoir !
—  Combattants de l’Arc-en-Ciel, ricane Aniva. Je suis contente de vous voir. J’avais peur d’avoir fait tout ce travail pour rien. Baskettrex, voici tes adversaires. À toi de gagner la partie ! »
Le monstre se tourne vers les Combattants et les regarde d’un air mauvais. Rain Bow recule un peu, mais Red Bow reste stoïque. Baskettrex met les mains devant lui, fait apparaître une boule d’énergie de la taille d’un ballon de basket, puis la lance sur ses adversaires. Ils l’évitent sans problème, Red Bow avec plus d’élégance que Rain Bow, comme d’habitude.
« Le coup du monstre basketteur, on nous l’a déjà fait ! reproche Martin. J’aime pas qu’on me serve du réchauffé ! Boule de Feu ! »
Il lance sa boule de feu sur la créature qui réplique avec un de ses ballons d’énergie. Les deux boules se rencontrent et explosent, créant une onde de choc qui les fait tomber tous les deux. Profitant de ce répit, Rain Bow s’adresse à Aniva :
« Aniva, pourquoi tu fais ça ? Rappelle-toi, t’es notre amie ! Tu m’as donné mes pouvoirs, t’as même risqué ta vie pour me sauver ! Me dis pas que t’as oublié ? ! »
Aniva se tourne vers lui, le regard lointain. Mais après un moment de flottement, elle explose :
« Qui es-tu pour me parler ainsi ? ! Je ne te connais pas ! Tu es mon ennemi, celui à qui je dois prendre l’énergie pour la donner au maître Esmeros ! Tes mensonges ne m’atteindront pas ! Baskettrex ! donne-lui une bonne leçon ! »
Baskettrex se relève et lance une rafale de ballons d’énergie sur Rain Bow, qui les évite tant bien que mal. Red Bow essaie de se relever pour l’aider. Soudain, un ballon plus rapide que les autres frappe Angel qui tombe à la renverse.
« Parfait, jubile Aniva en se rapprochant. Je vais maintenant pouvoir prendre ton énergie. Je savais bien que ce ne serait pas difficile.
—  Action Lumineuse ! »
Une boule de lumière explose, aveuglant Baskettrex et Aniva. Cette dernière recouvre rapidement la vue et découvre Yellow Bow qui la toise depuis la barrière du jardin.
« Je suis Yellow Bow, la lumière de l’espoir, et je n’aime pas qu’on s’attaque ainsi à mes amis. Alors va-t’en, ou prépare-toi à affronter mon courroux !
—  Yellow Bow, enfin ! soupire Red Bow.
—  Il est 4 heures, se justifie ce dernier, j’suis pas en retard pour une fois. Rain Bow, à toi de jouer, il est encore sonné.
—  Okay ! réplique Rain Bow en se relevant. Toile Arc-en-Ciel, action ! »
La toile paralyse le monstre, et les boules d’énergie libèrent Lucas de l’emprise du Miroir de l’Ombre.
« Je suis liiiiiiiibre ! »
Aniva ne peut que constater sa défaite.
« Vous êtes forts, dit-elle, je l’admets. Mais je suis loin d’avoir dit mon dernier mot. La prochaine fois, je vous aurai ! »
Une tornade de fumée noire apparaît autour d’Aniva et elle disparaît. Yellow Bow rejoint ses amis.
« C’est difficile de se battre contre elle, dit-il.
—  Elle a eu un instant d’hésitation quand je lui ai parlé, dit Rain Bow, j’en suis sûr !
—  T’es sûr que tu l’as pas imaginé ? demande Red Bow. C’est normal qu’on souhaite la sauver, mais ça sera pas si facile… »
Les gens à terre commencent à remuer.
« Oh ! Pas le temps de discuter maintenant, dit Martin. Allons nous changer chez moi. »
Et ils courent se réfugier dans la maison de Martin.

La fête a repris son cours, mais l’atmosphère est lourde. Il n’y a ni conversation bruyante ni éclat de rire, et même Angel et Aurélien ont un air sérieux. De plus, Lucas et Martin sont absents. Nous les retrouvont dans la chambre de ce dernier. Lucas est assis, la tête entre les mains, tandis que Martin fait les cent pas.
« J’te comprends pas, reproche Martin. Pourquoi tu nous as menti ?
—  J’aimerais bien t’y voir, répond Lucas au bord des larmes. Qu’est-ce que t’aurais fait à ma place ? J’arrive dans un nouveau lycée et dans une nouvelle équipe en cours d’année, j’connais personne, et il aurait fallu que j’explique tout, que je justifie tout…
—  Que t’expliques quoi ? demande Martin.
—  Tu sais bien, tu connais la situation maintenant…
—  Et alors ? ! Ton père est homo et il vit avec son ami, c’est ça ?
—  Oui…
—  Et il est heureux ? !
—  Oui…
—  Et toi t’as honte de lui ?
—  Mais non !
—  Alors pourquoi tu te comportes comme si t’avais honte ? !
—  J’avais peur de votre réaction ! Et si vous m’aviez rejeté...
—  C’est qu’on aurait pas été dignes de ton amitié ! On t’a peut-être pas aidé, je sais bien que dans les douches les blagues volent bas, et je comprends qu’on a pu te blesser. Mais c’est pas une raison pour mentir, au contraire ! Tu devrais être fier de ton père et de son courage, et lui montrer que t’en as aussi ! On est pas les derniers à qui tu vas avoir affaire, et c’est pas la dernière fois que tu vas devoir assumer le fait que ton père est gay. Mais il faudra bien le faire, ou tu vas couper ta famille du reste de ta vie. C’est ça qu’tu veux ? !
—  Non !
—  Alors assume ! Montre que tu es fier de ton père et que tu t’en fous de ce que les autres pensent ! Il y en aura toujours des cons qui utiliseront ça pour te rendre la vie difficile, mais si c’était pas ça ils auraient trouvé quelque chose d’autre !
—  Qu’est-ce que je dois faire alors ?
—  Invite ton père et son copain à assister aux matches. Et en attendant, retourne avec moi à la fête que tu as organisée », dit Martin, souriant et lui tendant la main.
En voyant ce sourire, Lucas est étonné.
« Tu m’en veux pas ?
—  Bien sûr que non. Personne t’en veut. L’erreur est humaine. Tu fais partie de notre équipe quoi qu’il arrive, et on va pas te jeter comme ça. Tu es notre ami… »
À ces mots, les larmes de Lucas deviennent des larmes de joie. Il se lève et serre la main de Martin. Il se dirigent vers la porte d’entrée et, après une lègère hésitation de Lucas, sortent dans le jardin. Là, tout le monde les regarde. Il y a d’abord un instant de silence, puis l’un des joueurs de l’équipe s’approche de Lucas en souriant et lui dit :
« Enfin là. On a besoin de ton aide, on a un problème de tactique… »
Les conversations reprennent comme avant l’intervention d’Aniva. Enfin, presque comme avant, car maintenant, Lucas se sent véritablement inclus dans le groupe. Le mensonge qui empoisonnait ses relations avec les autres disparu, il peut enfin leur montrer qui il est vraiment, et être accepté par ses amis pour ce qu’il est réellement.

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