Nous retrouvons Alexandra dans une salle blanche. Elle est assise et feuillette nerveusement un magazine. On voit passer des gens en blouse blanche, des femmes comme des hommes, et on entend parfois une voix par haut-parleur. Eh oui, nous sommes dans un hôpital, où Alex attend impatiemment qu’on lui donne des nouvelles de grand-père. Elle relève la tête et voit arriver Martin et Angel.
« Alors ? demande Martin.
— Il est toujours aux urgences, dit Alex dont la voix tremble. Ils m’ont dit que le médecin viendrait me voir quand il y aurait du nouveau. »
Justement, un homme arrive, en costume-cravate sous sa blouse blanche. Il tient quelques feuilles à la main.
« Vous êtes Alexandra Duciel ? demande-t-il.
— C’est moi, répond-elle en se levant. Comment va-t-il ?
— Vous êtes de la famille ?
— Non, une amie. Il n’a plus de famille.
— Bon. Il est hors de danger. Mais nous l’avons transféré en réanimation.
— Il est dans le coma ? demande Martin.
— Oui… et non, répond le médecin. C’est la première fois que je vois un cas comme celui-ci.
— Comment ça ? demande Alex qui semble avoir du mal à tenir sur ses jambes.
— Tous les tests sont normaux, que ce soient les tests sanguins et toxicologiques, mais son corps semble fonctionner au ralenti. Son pouls est régulier mais lent et faible, sa tension basse mais stable, et aucun phénomène physique ne peut expliquer cela : pas de germes pathogènes, pas de modification de la constitution du sang, pas de traumatisme, et pourtant même son cerveau semble fonctionner au ralenti. Mais il me paraît hors de danger. Nous le gardons en réanimation le temps que ses fonctions vitales reprennent un peu de vigueur.
— Est-ce que je peux le voir ? demande Alex.
— Désolé, mais les visites sont interdites en réanimation. De toute façon, il est inconscient et vous n’aimeriez pas le voir dans cet état. Mais dès que nous le transférerons dans une chambre normale, vous pourrez aller le voir.
— Et ce sera long ?
— Malheureusement je ne peux pas vous dire, son état est tellement étrange… Mais ne vous inquiétez pas, continue le médecin, il a l’air solide malgré son grand âge. Je vous jure qu’il s’en sortira. Maintenant, excusez-moi mais il faut que j’y aille.
— Merci docteur.
— Je suis là pour ça. »
Pendant que le médecin s’éloigne, Alexandra regarde Martin et Angel.
« Qu’est-ce qui s’est passé ? J’ai besoin de savoir. »
Soudain un côté du manteau d’Angel se met à bouger. Ce dernier met sa main dessus et dit :
« D’accord, mais pas ici. Allons dans un endroit plus calme. Quelle heure il est au fait ?
— 6h30, dit Martin.
— Bon, ça va encore. Mais il faut pas que je rentre trop tard ou ma tante va s’inquiéter.
— Allons dehors, propose Martin.
— D’accord. »
Nos trois compères se dirigent vers la sortie, et en marchant Martin et Angel expliquent à Alex le peu qu’ils savent de la Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir et de ses exactions. Ils sortent finalement de l’hôpital et se dirigent vers un coin tranquille du jardin où ils s’asseyent sur un banc. Angel ouvre son manteau et Niko en sort à toute vitesse. Il se pose sur le dossier du banc en s’ébrouant.
« Ahh… Enfin sorti, dit-il. J’ai horreur d’être enfermé comme ça.
— T’avais qu’à pas insister pour entrer dans l’hôpital aussi, dit Angel sur un ton de reproche. Les animaux y sont interdits, même ceux qui parlent.
— Un oiseau qui parle… J’ai du mal à y croire. Et tout ça, ces pouvoirs, dit Alex en sortant son pendentif, et grand-père attaqué par une espèce de monstre, et le médecin qui ne sait pas ce qui lui est arrivé...
— On lui a volé son énergie vitale, explique Niko. Sans elle, ses fonctions vitales sont ralenties. Il faut attendre qu’il régénère une nouvelle énergie vitale, et il se réveillera. Tu es arrivé juste à temps Martin. Si Nitarh avait continué à lui prendre son énergie ne serait-ce que quelques secondes de plus, cet homme serait mort à l’heure qu’il est. Mais il va aller bien, s’empresse-t-il d’ajouter en voyant la réaction d’Alex, ses jours ne sont pas en danger.
— Mais qui sont ces gens et qu’est-ce qu’ils veulent ? !
— Pour ce que nous en savons, ils en veulent à l’énergie des humains. Ils en ont certainement besoin pour mener à bien leurs plans, quels qu’ils soient, explique Martin.
— Mais nous sommes là pour les en empêcher, continue Angel. Et maintenant que nous sommes trois, nous allons être encore plus efficaces !
— Je crois que je comprends maintenant ce qui me poussait à vouloir te revoir Alex, dit Martin. D’une manière ou d’une autre, je sentais que tu étais des nôtres. Qu’est-ce que t’en penses Niko ?
— C’est possible, répond-il. J’ai eu la même impression que toi.
— Et moi alors ? demande Angel. Pourquoi j’ai rien senti ? J’étais le premier pourtant ? ! »
Le ton gamin d’Angel fait éclater de rire Alex pendant que Niko et Martin lèvent les yeux au ciel.
« Quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit ? Quoi ? Quoi ? ! »
Nous retrouvons Nitarh au centre du cercle formé par les Sages Noirs. Il est visiblement content de lui. Mais les Sages le ramènent à l’ordre :
« Tu es parvenu à apporter plus d’énergie que la dernière fois, mais cela est loin d’être suffisant. Et ta soldate n’est pas parvenue à se débarrasser de ces gamins irritants.
— Ces gamins sont un danger pour nous, dit un autre Sage Noir avec la même voix, ce qui oblige Nitarh à se tourner vers lui. Tu dois t’en débarrasser.
— N’ayez crainte, ma prochaine créature ne se fera pas avoir comme les précédentes, dit Nitarh d’un ton arrogant.
— Tu ferais bien de ne pas être si sûr de toi, dit un troisième Sage Noir, N’oublie pas l’échec d’Atarh.
— Je ne l’oublie pas, Sages Noirs. Je ne ferai pas les mêmes erreurs que lui.
— As-tu trouvé une nouvelle victime ? demande un autre Sage Noir.
— Pas encore, mais je sais exactement où chercher.
— Alors va vite ! Ne perds pas de temps ! Notre maître a besoin de cette énergie.
— Je pars tout de suite », dit Nitarh en s’inclinant.
Il recule dans l’ombre et disparaît.
La nuit est tombée sur Paris. C’est une nuit sombre sans étoiles, et la chambre d’hôpital où dort grand-père est presque complètement noire, à part un filet de lumière filtrant de la porte d’entrée. Nous voyons une ombre se former sur un mur, puis se solidifier en Nitarh qui reste presque complètement caché.
« J’ai bien fait de suivre ma dernière victime. Ils l’ont emmené dans un lieu rempli de gens au service des autres, se dédiant nuit et jour à soigner leur prochain. Pauvres imbéciles ! Ma prochaine victime sera l’un d’entre vous ! »
La porte de la chambre s’ouvre soudain. Nitarh a juste le temps de se cacher dans un coin de la chambre quand une jeune infirmière allume la lumière. Elle regarde grand-père avec des yeux remplis de compassion.
« Monsieur, comment allez-vous ce soir ? demande-t-elle à grand-père. Je suis désolée de vous déranger mais je dois prendre votre température et votre tension. »
Elle continue à lui parler gentiment pendant que Nitarh pense : « Idiote ! Il ne peut pas l’entendre. Alors pourquoi lui parle-t-elle de cette façon ? ! » Il fait apparaître son Miroir de l’Ombre et le dirige vers la jeune infirmière. Le Miroir se met à briller très fortement.
« Ce sera ma prochaine victime, pense Nitarh. Elle passe sa vie à aider les gens comme lui. Petite chrysalide, rejoins cette ombre accueillante. »
Il ouvre l’autre main et une petite chrysalide s’envole doucement vers l’infirmière. Quand elle a atteint son ombre, elle s’y fond et disparaît. L’infirmière n’a rien remarqué. Nitarh se dit : « Et voilà ! Quelques jours de couvaison et la récolte sera prête ! » Il redevient une ombre puis disparaît. À ce moment, l’infirmière tourne la tête vers l’endroit où Nitarh se trouvait il y a un instant. Comme elle ne voit personne elle se dit : « Non, j’ai dû rêver » et elle se penche de nouveau vers grand-père.
« je reviendrai dans deux heures, dit-elle. Dormez bien monsieur. »
Elle se dirige vers la porte, regarde grand-père une dernière fois, éteint la lumière et ferme la porte.
Quelques jours de pluie plus tard (eh oui ! Les giboulées sont arrivés !), Alex retrouve Angel, Martin et Niko dans le « jardin secret » d’Angel. Évidemment, il s’agit de présenter Alex à Aniva. C’est donc sous la pluie que Niko fait apparaître Aniva. Mais celle-ci porte encore le même costume (après tout, ce n’est qu’une image, elle s’en fiche de la pluie !). Aniva salue Alex :
« Te voilà donc, Green Bow, le défenseur de l’espoir. Je suis très heureuse de te rencontrer.
— Merci, prêtresse Aniva. Je me sens encore un peu perdue mais je suis très heureuse de pouvoir vous aider.
— C’est tout à fait normal. Recevoir le pouvoir sacré d’une couleur est une charge difficile à accepter. Merci pour ton courage et ta compréhension.
— Après ce qu’ils ont fait à grand-père, c’est normal. Mais je me sens encore bizarre. Cette transformation, ces pouvoirs… Pourquoi moi ?
— Ça reste une des énigmes que je n’arrive pas à résoudre, dit Aniva. Le fait que tes cheveux ont changé de couleur à un moment crucial montre que tu étais marquée d’une certaine façon, que tu étais destinée à recevoir ces pouvoirs. C’est la même chose pour toi Martin. Mais pourquoi vous et pas quelqu’un d’autre ? Je l’ignore toujours…
— En parlant d’énigmes, avez-vous trouvé des informations concernant la Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir ? demande Martin.
— Aucune. Les fichiers restent désespérément vides. Vous devez essayer d’amasser le plus d’informations possibles sur ces êtres et leurs agissements.
— C’est très difficile, dit Martin. On ne sait pas où ils se terrent, ni quels sont leurs plans. On ne fait que réagir à leurs attaques. Et pour l’instant on a eu beaucoup de chance. Qui sait combien de temps ça va durer ?
— C’est pourquoi vous devez rapidement trouver vos autres compagnons, dit Aniva. Ce n’est qu’au complet que vous pourrez utiliser votre plein potentiel. À ce propos, voilà pour toi, Alex. »
Un bracelet-montre vert ressemblant à celui d’Angel et Martin apparaît dans la main d’Alex.
« Ce communicateur te permettra de rester en contact avec les autres Combattants de l’Arc-en-Ciel, où que tu te trouves.
— Merci, prêtresse Aniva, dit Alex en mettant son bracelet.
— Maintenant, retournez à vos occupations et ouvrez l’œil. L’ennemi peut attaquer à tout instant. Je suis avec vous de tout cœur. »
Sur ces mots, Aniva disparaît.
« Bon, on est pas plus avancés, dit Martin.
— Peut-être, mais maintenant on peut communiquer avec Alex au moins, dit Angel avec un grand sourire. Bon, il faut que j’y aille. J’ai rendez-vous avec Lydia chez elle. Il faut qu’on révise. Encore un contrôle d’histoire, ajoute-t-il avec un soupir.
— Et moi j’ai un entraînement dans moins d’une demi-heure.
— Moi je vais aller voir comment va grand-père, dit Alex.
— Ah oui ? Il est sorti de réanimation ? Dans ce cas, tu pourras nous donner de ses nouvelles demain ?
— Bien sûr. Et puis maintenant que j’ai un communicateur, je pourrai vous parler quand je voudrai ! ajoute-t-elle avec un sourire lumineux malgré la pluie.
— Ah non ! s’écrie Niko. Le communicateur ne doit être utilisé qu’en cas d’urgence. Peut-être que nos ennemis sont capables de recevoir les communications radio. Il ne faudrait pas que vous soyez découverts !
— Pfff… Rabat-joie ! » dit Alex avec un soupir de dépit.
Elle se retourne et de commencer à se frayer un chemin vers la sortie. Martin et Angel se regarde l’un l’autre et ont la même pensée au même moment : « elle est impossible cette fille ! »
Trois quarts d’heure plus tard, Alex entre dans la chambre où dort grand-père. Bien qu’il soit considéré hors de danger, plusieurs appareils restent branchés sur lui et surveillent en permanence ses fonctions vitales, ce qui est impressionnant pour une jeune fille insouciante comme Alex. Mais au moins il ne porte pas de masque à oxygène et son visage est serein, comme celui de quelqu’un en plein sommeil.
« Bonjour grand-père, dit Alex en approchant une chaise du lit. C’est moi, Alex. Je suis venu voir comment tu allais. Je vois que tu dors toujours. C’est pas grave, ça te fait du bien de te reposer. Je suis désolée mais la boutique est toute cassée. On n’a pas réussi à empêcher le monstre de tout saccager. Mais c’est pas grave. Quand tu iras mieux, je t’aiderai à tout réparer, et je suis sûre qu’Angel et Martin se feront un plaisir de nous aider. »
Elle continue à parler comme ça pendant un long moment, racontant sa journée, les photos qu’elle a prises, etc. À un moment, alors qu’elle est au milieu de sa dernière journée de shopping (« C’est pas parce qu’il pleut qu’on ne peut pas être bien habillée » dit-elle), la porte de la chambre s’ouvre et la jeune infirmière entre.
« Oh ! s’écrie-t-elle. Je suis désolée, je ne savais pas que vous étiez là mademoiselle.
— C’est pas grave, dit Alex. J’étais juste là pour tenir compagnie à grand-père. Vous croyez qu’il entend quand on lui parle ?
— Bien sûr, dit l’infirmière. Je lui parle toujours quand je viens le voir. D’ailleurs c’est ce que je viens faire ici, lui prendre sa tension et sa température. Ça ne vous dérange pas de vous éloigner un peu du lit pendant un petit moment ?
— Pas du tout », dit Alex avec un grand sourire.
Elle se lève. L’infirmière commence à avancer quand soudain ses jambes semblent ne plus la porter et elle tombe en lâchant son matériel.
« Mademoiselle ! s’écrie Alex en courant vers elle. Mademoiselle, ça va pas ? ! »
Mais l’infirmière est évanouie et ne peut répondre. Alex court dans le couloir et appelle au secours.
« Aidez-moi ! Aidez-moi ! Y’a une infirmière qui se sent mal ! »
Alertés par ses cris, deux infirmiers accourent et entrent dans la chambre. Ils soulèvent l’infirmière et l’allongent sur le second lit de la chambre (heureusement qu’il est inoccupé), puis courent chercher un médecin en remerciant Alex au passage.
Quelques minutes plus tard, l’infirmière a repris conscience tandis qu’un médecin l’examine.
« Surmenage, diagnostique-t-il. Vous travaillez beaucoup trop. Ça ne m’étonne qu’à moitié d’ailleurs. Si je me rappelle bien, vous faites votre travail plus celui d’une collègue en congé maladie. Ça n’est pas sérieux. Vous êtes en état d’hypoglycémie profonde. Je vous ai fait mettre sous perfusion pour l’instant, mais ce soir je veux que vous rentriez chez vous et que vous preniez au moins quinze jours de repos. Je vais remplir les papiers nécessaires.
— Mais… dit l’infirmière d’une voix faible, je ne veux pas arrêter de travailler. Être infirmière c’est toute ma vie !
— Votre vie ne tiendra plus à grand chose si vous continuez sur ce rythme. Vous allez prendre quinze jours de repos. C’est un ordre ! Compris ?
— Oui », répond-elle d’une toute petite voix.
Le médecin quitte la chambre, tandis qu’Alex qui est toujours là se rapproche du lit de l’infirmière.
« Ça va mademoiselle ? demande-t-elle.
— Ah, vous êtes toujours là. Ça va à peu près, merci. J’espère que je ne vous ai pas fait trop peur.
— Non, vous inquiétez pas. J’étais juste inquiète. Il faut que vous vous reposiez, trop travailler ça apporte que des problèmes.
— Je ne peux pas, ce travail c’est toute ma vie. J’en rêve depuis que je suis toute petite. Aider les gens est ma vocation, les aider à surmonter la douleur et la maladie, être là quand ils ont besoin d’aide.
— Mais c’est pas en ruinant votre santé que vous allez les aider. Comment voulez-vous aider les gens si vos jambes ne vous soutiennent plus ? !
— Vous avez raison, je m’en rends compte maintenant. Mais c’est si difficile. Je suis nouvelle ici et il faut encore que je fasse mes preuves.
— Et vous les ferez, continue Alex sur un ton sérieux, mais pas de cette façon. Mais il faut que vous vous accordiez du repos. De toute façon, ajoute-t-elle avec un sourire, je ne veux pas d’une infirmière malade pour s’occuper de grand-père, et pourtant je veux que ce soit vous qui vous en occupiez. Alors il va bien falloir que vous vous reposiez ! »
L’infirmière sourit.
« D’accord mademoiselle. Si vous insistez tant que ça je vais le faire. Ce soir je rentre chez moi et je prends du repos.
— Bien ! dit Alex d’un ton décidé. Marché conclu. En attendant, voulez-vous que j’aille vous chercher quelque chose ?
— Un peu d’eau me ferait du bien, merci.
— Je vais vous en chercher tout de suite. J’en ai pas pour longtemps, alors ne bougez surtout pas OK ? »
L’infirmière qui de toute façon est trop faible pour bouger autre chose que son petit doigt acquiesce doucement, et Alex sort de la chambre pour chercher de l’eau. Elle a à peine repoussé la porte que l’ombre d’une armoire se tord, s’épaissit et se matérialise en Nitarh. L’infirmière a tout de suite senti une présence et tourne lentement la tête. Quand elle voit Nitarh elle essaie de crier, mais elle est si faible que seul un petit son sort de sa bouche.
« Ce n’est même pas la peine d’appeler à l’aide, petite idiote, dit Nitarh. Tu es trop faible pour me résister, mais ton corps est empli d’une énergie qui me sera très utile. Regarde-toi donc ! »
Nitarh tend son Miroir de l’Ombre en direction de l’infirmière dont les yeux tombent sur son reflet. À cet instant, le Miroir commence à absorber l’énergie vitale de l’infirmière sous la forme d’un flux de lumière blanche et laiteuse. Si faible que ses gémissements sont à peine audibles, l’infirmière retombe rapidement dans l’inconscience.
« C’est une superbe récolte ! Les Sages seront contents de moi ! »
Au même moment, Alexandra revient avec une petite bouteille d’eau. Elle se prépare à pousser la porte de la chambre quand elle remarque une étrange lumière qui filtre par l’entrebâillement de la porte. Elle la pousse délicatement et voit Nitarh voler l’énergie de l’infirmière. Sa surprise manque de lui faire lâcher sa bouteille mais elle se ressaisit et court se cacher dans les toilettes. Là elle ouvre son communicateur :
« Vite, Angel, Martin ! Je crois que je viens de voir Nitarh s’attaquer à une des infirmières de l’hôpital !
— Tu es sûre ? demande Niko.
— Oui, il correspond à la description que vous m’en avez faite et je crois qu’il est en train de voler l’énergie vitale de l’infirmière.
— On arrive tout de suite ! dit Martin. Occupe-le pendant ce temps.
— D’accord ! »
Alex décroche alors son Amulette de son pendentif et crie :
« Amulette Verte, métamorphose ! »
Une fois transformée, Green Bow se dirige vers la chambre au pas de course.
Pendant ce temps, Nitarh continue à pomper l’énergie de l’infirmière. Il sourit d’une oreille à l’autre quand soudain le flux d’énergie semble s’inverser.
« Quoi ? ! Encore ? ! Ah non, pas cette fois ! »
Il écarte le Miroir de l’Ombre et le flux s’arrête. Mais il semble tout de même en colère.
« Cette garce est parvenue à réabsorber plus de la moitié de ma récolte en si peu de temps ! Tu vas me le payer toi !
— Pas si vite !
— Qui… ? ! » s’écrie Nitarh en se tournant dans la direction de la voix.
Green Bow est debout devant la porte de la chambre, les mains sur les hanches et le regard dur.
« Une fille cette fois ! Qui es-tu, gamine ? ! »
Green Bow réfléchit à peine une fraction de seconde et trouve l’inspiration pour une phrase bien tournée :
« En tant que défenseur de l’espoir, je dois protéger ce lieu que tu as souillé. Tu ne mérites même pas l’air que tu es en train de respirer. Aussi moi, Green Bow, je vais te punir !
— Encore une grande gueule à ce que je vois, dit Nitarh pas impressionné du tout. Mais voyons de quoi tu es capable. Créature de l’Ombre, apparais ! »
L’ombre de l’infirmière s’étend et s’assombrit, puis quelque chose de visqueux s’en déplie et s’ébroue. C’est un monstre à la peau verte, en blouse d’infirmière, mais possédant de longues cornes de gazelle en guise de chevelure.
« Infirmièraya à votre service, maître, dit la monstresse.
— Occupe-toi de cette idiote en vert pendant que j’amène l’énergie que j’ai récupérée aux Sages Noirs, lui ordonne Nitarh.
— À vos ordres. »
La silhouette de Nitarh redevient ombre et disparaît dans l’ombre de l’armoire tandis qu’Infirmièraya se tourne vers Green Bow.
« As-tu fait tous tes rappels de vaccin ma petite ? demande Infirmièraya de sa voix cassée.
— Euh… Je crois… Oui, dit Green Bow, déstabilisée par cette question.
— Eh bien moi je n’en suis pas sûre ! »
Le monstre fait un mouvement et envoie une dizaine de seringues en direction de Green Bow qui les évite de peu. Elle a d’ailleurs bien fait, car les seringues se sont fichées dans le mur derrière elle. Le monstre recommence, et Green Bow saute de nouveau en hurlant :
« Non ! Je déteste les piqûres !
— Il ne faut pas, dit la monstresse. Ce ne sera qu’un très long et très douloureux moment à passer. »
Elle lance de nouveau des seringues, mais Green Bow les évite encore et les seringues brisent la fenêtre qui était derrière elle. Sans réfléchir, Green Bow saute par cette ouverture providentielle, quand elle se rend compte que la chambre de grand-père est au troisième étage de l’hôpital.
« Non ! » hurle-t-elle.
Elle se prépare à recevoir le choc du sol, mais elle tombe dans les bras de quelqu’un ! Elle ouvre les yeux et se rend compte qu’elle est dans les bras de Red Bow.
« Bah alors, il faut pas sauter comme ça au cou de n’importe qui, dit ce dernier en souriant.
— Je vois qu’on est arrivé au bon moment, dit Rain Bow juste à côté.
— Ouf, merci Mar… Red Bow », dit Green Bow, soulagée.
Red Bow remet Green Bow debout, quand Infirmièraya atterrit non loin d’eux, ayant pris le même raccourci.
« Qui êtes-vous ? !
— Dans un hôpital, les patients ont besoin de tranquillité pour pouvoir guérir. Tu as brisé cette tranquillité. C’est quelque chose que je ne peux pardonner. Prends garde ! Car je suis le messager de l’espoir, Rain Bow !
— Et moi je suis Red Bow, le guerrier de l’espoir, et mon feu intérieur te le fera payer !
— Je crois que je vais vous examiner vous aussi, dit le monstre de sa voix cassée. Il me semble que vos vaccins ne sont pas en règle non plus ! »
Infirmièraya lance de nouveau une poignée de seringues vers les Combattants de l’Arc-en-Ciel.
« Ah non ! Pas encore ! s’écrie Green Bow. Barrière de Vent ! »
Un mur de vent s’élève entre les Combattants et le monstre et les seringues se brisent contre ce mur.
« À moi de jouer ! s’écrie Red Bow. Boule de Feu ! »
Il envoie une boule de feu qui enflamme la blouse de la monstresse qui se met à hurler.
« Et le coup final est pour moi ! dit Rain Bow. Rubans Arc-en-Ciel !
— Aaaaaaaaaaaaaaaaah ! »
Infirmièraya est frappée de plein fouet par les Rubans Arc-en-Ciel et se transforme en une statue de sable dont une fumée noire se dégage. Elle finit par se désagréger, soufflée par le vent.
« Waouh ! On s’en est débarrassé rapidement cette fois, dit Rain Bow.
— À trois c’est toujours plus facile qu’à deux, dit Niko qui était là depuis le début. C’est pourquoi vous devez activement rechercher vos compagnons. Tous ensemble vous pourrez vaincre l’ennemi.
— C’est bon à savoir ça ! »
Tout le monde se retourne. C’est Nitarh qui a parlé, debout sur un mur de briques, les bras croisés.
« Vous êtes désormais trois à ce que je vois. Très bien, je ferai en sorte que vous ne soyez jamais plus nombreux.
— Attends un peu Nitarh ! s’écrie Red Bow. Boule de Feu !
— Non Red Bow ! » crie Niko.
Trop tard. La boule de feu est partie en direction de Nitarh mais sa silhouette devient noire et la boule de feu le traverse sans lui causer de dommages.
« Tu as de la chance que je ne sois pas d’humeur à me battre, dit Nitarh en reprenant sa forme normale. Mais la prochaine fois, tu regretteras d’avoir été si impulsif. »
Nitarh redevient une ombre qui coule sur le mur et disparaît dans son ombre naturelle.
« Red Bow ! Te rends-tu compte de ce que tu as fait ? demande Niko sur un ton de reproche.
— J’en ai marre de ce mec et de ses grands airs ! J’ai envie de lui en coller une directe sur sa face de premier de la classe !
— On l’aura, dit Rain Bow en essayant de calmer le jeu. On l’aura un jour, je te le promets. Mais il faut être patient, et découvrir ses points faibles. Et puis il faut qu’on reste ensemble. C’est pas en l’attaquant isolément qu’on a une chance. Rappelle-toi comment on a fait pour avoir Atarh.
— OK, dit Red Bow qui a l’air calmé bien qu’il serre encore les poings. Je serai patient. Mais il ne perd rien pour attendre !
— Oh ! À propos de patients, on a oublié l’infirmière et grand-père ! s’écrie Green Bow.
— Vite ! Changez-vous et allez voir comment ils vont », dit Niko.
Alex, Angel et Martin arrivent enfin dans la chambre de grand-père. L’infirmière est toujours allongée sur le lit mais semble reprendre conscience. Grand-père n’a pas bougé, lui. Et heureusement, aucune des attaques d’Infirmièraya ne l’a atteint. Martin s’approche de l’infirmière. Celle-ci ouvre les yeux et dit faiblement :
« Que… Qu’est-ce qui… s’est passé ?
— Chut… dit Martin. On vous expliquera ça mais pour l’instant il faut que vous restiez couchée. Reposez-vous. »
Alex regarde l’infirmière quand elle remarque du coin de l’œil un mouvement dans le lit de grand-père. Elle se retourne et regarde plus attentivement, puis sent son cœur bondir de joie.
« Angel, Martin ! Grand-père se réveille ! »
Angel et Martin, surpris, s’approchent du lit à leur tour. En effet, grand-père vient d’ouvrir les yeux. Il regarde Alex et semble la reconnaître puisqu’il se met à sourire. Il tente de parler mais ses lèvres tremblantes ne laissent échapper qu’un soupir.
« Chut grand-père, dit doucement Alex, n’essaie pas de parler. Tu es encore trop faible. Mais maintenant que tu es réveillé ça va aller beaucoup mieux. Qu’est-ce que je suis contente ! »
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